Double Jeu

Le silence qui régnait jusque là dans la loge fut soudan brisé par le grattement d'un stylo sur une feuille. Alors que Sho griffonnait quelques notes dans son carnet, la porte d'entrée s'ouvrit, laissant entendre une voix que le caster reconnut aussitôt. Et très vite, un visage au sourire radieux apparut.

Aiba referma la porte derrière lui puis se dirigea droit vers son ami, toujours avec ce même sourire éblouissant.

"Joyeux ann-
-Regarde! Regarde! coupa Aiba.
-Laisse-moi au moins te souhaiter un joyeux anniversaire!
-Tu l'as déjà fait tout à l'heure par mail. Regarde ce que m'a offert Chie-chan!"
Aiba baissa alors son jean pour montrer à Sho ce qui se cachait en dessous.
"Remonte-moi ça idiot! Cria presque Sho. J'ai pas envie de voir ce genre de truc dés le matin.
-Mais non c'est pas ce que tu crois. Regarde. Chie-chan m'a offert des sous-vêtements Calvin Klein.
-Vous êtes vraiment fait pour être ensemble tout les deux. J'en connais pas d'autres qui offrirait ça à son petit ami pour son anniversaire.
-C'est génial hein?
-Et elle est venu te donner ça ce matin? Elle est matinale dit donc.
-Non, on a passé la nuit ensemble. Elle rentre chez elle bientôt pour le nouvel an alors on essaye de se voir le plus possible avant.
-Oh. Ah mais attends. C'est bizarre Nao-chan m'a dit qu'elle ne partait pas.
-Ah bon?
-Hm.
-C'est bizarre.
-Oui c'est ce que j'ai dit.
-Peut-être que ses parents viendront ici.
-Possible. Je ne lui ai pas demandé.
-Ou alors elle va rester avec Tetsuya-kun.
-Ne souris pas comme ça quand tu prononces le nom de ce garçon. C'est répugnant.
-Tu devrais le voir Sho-chan! Ils sont trop mignons!
-Je sais. Tu me l'as dit et redit des centaines de fois."

A ce moment-là, la porte de la loge s'ouvrit à nouveau et un Matsumoto Jun pas tout à fait réveillé fit son apparition. En voyant Aiba, le chanteur esquissa un sourire, sourire qu'il garda lorsqu'il tendit à son ami un sac assez volumineux.
"Joyeux anniversaire~"



"Il a aimé ton cadeau?
-J'en sais rien. Moi en tout cas je vais adorer le voir porter ça. Ou le lui enlever plutôt.
-Raaaah Chie-chan! J'en reviens pas que tu parles d'Aiba Masaki de Arashi là, chuchota Nao.
-Oui mais c'est mon petit ami muahahaha!"
Le disant, Chieri posa une main sur la porte et la fit coulisser.

A peine avaient-elles fait un pas dans la salle de classe que des voix s'élevèrent, accompagnées de sifflements et autres bruits particulièrement embarrassants provenant tous d'un petit groupe de garçons assis à l'opposés. C'était sans doute leur façon de dire "Regardez, y'a la copine de Tetsuya." Ce dernier, installé au premier rang parmi le groupe en question, tourna la tête en direction de l'entrée. Il adressa ensuite un sourire à Nao qui le lui rendit, avant de baisser très vite la tête pour cacher la rougeur de ses joues.

"C'est bon, arrête de la dévorer des yeux comme ça! Répliqua Ken. Un weekend vous sépare et c'est comme si vous ne vous étiez pas vu depuis un an."
Le visage de Nao s'embrasa carrément. Faisant mine de d'avoir rien entendu, elle se pencha pour sortir ses affaires de son sac. Assise juste derrière elle, Chieri assistait à la scène en souriant.

Les cours étaient plus que barbants mais le temps défilaient étonnamment vite, chose que Chieri ne manqua pas d'apprécier.
La pose déjeuner arriva en un clin d’œil et la jeune fille se dépêcha d'entamer le bentô que lui avait préparé son amie. Celle-ci sortit à son tour sa propre boîte, l'ouvrit et au moment de plonger ses baguettes dedans, d'autres baguettes différentes des siennes s'emparèrent soudain de la crevette qu'elle voulait justement manger. Surprise, Nao regarda à sa gauche et vit Tetsuya mâcher ce qu'il venait de mettre dans sa bouche.
"Hey! Demande au moins avant de te servir, le taquina Chieri.
-Je me sers dans le bentô de ma copine. Où est le problème? Pas vrai Nao?"

Nao beugua complètement. Non seulement Tetsuya venait de manger ce qu'elle avait préparé mais en plus il était assis beaucoup trop près d'elle et la regardait dans les yeux, les lèvres étirées en un sourire irrésistible.
"Je... euh... bah...
-ça va?
-Euh oui.
-T'as passé un bon weekend?
La lycéenne hocha la tête en guise de réponse. Trop près! Il est trop près, ne put-elle s'empêcher de penser. Ses mains commençaient à devenir moites et son rythme cardiaque accéléra dangereusement.
"Je dois allez aux toilettes."
On aurait dit que la phrase venait de s'échapper de la bouche d'une autre personne. Mais c'était bien Nao qui l'avait prononcée.
"Qu'est-ce qu'il y a ? S'inquiéta Chieri. T'as mal au ventre?
-Non... Enfin si, pensa au fond d'elle Nao. Je vais juste me laver les mains. Je reviens."
Et sur ces mots, la jeune fille se leva et sortit de la salle de cours en ayant l'air parfaitement normal alors qu'en vérité, son cœur cognait brutalement contre sa poitrine.

Une fois dans les toilettes, Nao se dirigea non pas vers la rangée de lavabos mais chercha une cabine vide et s'y enferma, s'adossant ensuite contre la porte avec force, provoquant ainsi une douleur fulgurante dans son dos. Mais cette douleur était le dernier de ses soucis. 
Son cœur... Cette sensation indescriptible qu'elle ressentait... 
Elle sortait avec Tetsuya depuis dés mois maintenant. Alors pourquoi réagissait-elle aussi excessivement pour un simple regard? Pourquoi maintenant? Pourquoi si soudainement? Pourquoi? Pourquoi?
Alors que des voix aussi agaçantes les unes que les autres s'élevaient dans sa tête pour la martyriser, des personnes bien réelles cette fois se mirent à parler de l'autre côté de la porte contre laquelle était adossée Nao.

"Moi je trouve qu'ils sont mignons ensemble.
-J'ai jamais dis le contraire. C'est vrai qu'ils sont mignons. Mais tu connais Tetsuya."
Le coeur de Nao cessa un instant de battre avant de se réanimer.
"Tu crois qu'il va la laisser tomber?
-J'en suis même sûre. Je dis pas que c'est quelqu'un de mauvais mais depuis qu'il est dans ce lycée, il est déjà sorti avec tout un tas de filles et avec chacune d'elle ça n'a jamais durée longtemps.
-Hmmmmm. T'as pas tort. D'un autre côté, peut-être que c'était pas de sa faute. Tu me passes le mascara?
-Tiens.
-Peut-être que c'était la faute de ces filles. Elle ne lui convenaient pas.
-Toutes les filles?
-Oui bon c'est vrai. Mais depuis que Nao-chan a été transférée ici, il n'est sorti avec personne. Apparemment, il s'était déclaré à elle et avait attendu tout ce temps sa réponse. Moi je dis que c'est sérieux entre eux.
-Et moi je te dis que ça ne va pas durer. J'ai l'impression que Tetsuya a besoin de changer de fille assez régulièrement. Sinon il s'ennuie.
-Ouais, ouais, je vois un peu ce que tu veux dire.
-J'ai pas mis trop de brillant à lèvres?
-Non c'est parfait.
-Ahlala pauvre Nao-chan. Il va lui briser le cœur."

Des bruits de pas indiquèrent que les deux lycéennes prenaient la direction de la porte. Nao, elle, resta immobile durant de longues secondes en se remémorant chaque mot de la conversation qu'elle venait de surprendre. Elle ne savait pas trop quoi en penser. En fait, on aurait même dit qu'il y avait eu comme une déconnexion et que toutes les voix et les questions qui s'étaient élevées dans sa tête un peu plus tôt avaient pris la fuite, laissant un grand vide derrière eux.

La jeune fille ne bougea pas d'un centimètre, jusqu'à ce qu'une sonnerie la fasse sursauter violemment. Elle déverrouilla alors la porte de la cabine, fit un pas à l'extérieur, s'arrêta quelques secondes comme pour réfléchir puis s'avança lentement. Les questions étaient de retour dans sa tête.

à suivre...

"T'as qu'à lui demander ce qu'il porte pour dormir.
-T'es folle! Je peux pas lui demander ça!
-C'est toi qui viens de dire que tu voulais mieux le connaître.
-C'est pas pour ça que je vais lui poser une question pareille.
-A toi de voir.
-Allez Chie-chan! Viens dans le salon. Tu resteras une heure ou deux et tu pourras partir après.
-Hey c'est pas moi que Tetsuya vient voir hein. Déstresse un peu et va l'accueillir avec le sourire.
-Je sais pas si je vais pouvoir...
-Mais si tu peux. Tiens ça sonne. ça doit sûrement être lui.
-S'il te plaît Chie-chan~~~
-Va ouvrir allez. Et oublies cette histoire. Essaye de te détendre plutôt."
Pour toute réponse Nao laissa échapper un grand soupir. Elle regarda une dernière fois son amie puis se leva et sortit de la chambre pour se diriger d'un pas lent vers la porte d'entrée.



La journée avait été particulièrement longue pour Nino. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les jours de fête n'étaient pas toujours de tout repos pour les idoles. Malgré tout, la soirée s'était achevée en beauté en compagnie de la seule personne qui pouvait lui redonner le sourire après un 25 décembre aussi chargé.
Les paupières de Nino commençaient enfin à s'alourdir. Il se laissa peu à peu envahir par le sommeil lorsque son portable se mit à vibrer sur la commode, à sa gauche. Il brandit aussitôt le bras pour attraper l'objet et, tout en se levant, il appuya sur la petite touche verte.

"Allô?" Chuchota-t-il en s'éloignant vers la porte de la chambre.

Il prit soin de fermer le battant derrière lui et continua sa conversation avec son manager sur le canapé du salon. Il semblerait que l'homme ai tenu à lui rappeler une dernière fois l'heure à laquelle il venait le chercher le lendemain. Une fois la confirmation faite, Nino racrocha, bailla longuement puis retourna dans la chambre.

Ses pieds nus ne faisaient pas un bruit. Rien ne vint briser le silence qui s'était installé dans la chambre, sauf peut-être le froissement de la couverture lorsque Nino se glissa dans le lit.
Allongé maintenant sur le matelas, le chanteur se tourna à sa droite pour voir si ses mouvements n'avaient pas réveillés son compagnon. Les lèvres du gamer s'étirèrent alors doucement en un sourire en constatant que Ohno dormait toujours. Décidément, rien ne parvenait à réveiller cette marmotte.

Après avoir passé quelques minutes de plus à observer la nuque du leader, Nino se coucha sur le ventre et croisa ses bras pour y caser son menton. La position idéale pour contempler un Ohno Satoshi plongé dans le sommeil le plus total.
Le sourire de Nino se fit soudain plus large. Il resta ainsi quelques secondes de plus, avant de se rapprocher pour déposer un baiser dans le cou d'Ohno. Après réflexion, il l'embrassa aussi sur la joue puis se recoucha, le cœur étonnement léger.



Deux petites assiettes sur lesquelles on pouvait voir des restes de gâteaux étaient posées sur la table basse. La télé était allumée mais à cette heure-ci, rien d'intéressant n'était diffusé.
Deux personnes seulement étaient présentes dans le salon. Depuis qu'il était arrivé, Tetsuya occupait le canapé tandis que Nao avait préféré s'asseoir dans le fauteuil.

Depuis qu'il sortait avec Nao, Tetsuya s'étaient posé grand nombre de questions. Mais ce soir-là, les questions qu'il se posait commençaient sérieusement à l'inquiéter. Quelque chose clochait et ça il le sentait depuis plusieurs heures maintenant. Il était temps de mettre fin à ses interrogations silencieuses.

"ça va pas Nao?"
Le bond que fit Nao dans son fauteuil montrait clairement que tout ce temps, elle s'était déconnectée du monde. A quoi pouvait-elle bien penser comme ça?
"ça-ça va.
-J'en suis pas convaincu. D'habitude quand t'es distante, ça ne me pose aucun problème mais là, t'es distante et distraite et ça, ça m'inquiète. Y'a un truc qui te tracasse?"

Nao sembla hésiter. Quelque chose la tracassait, effectivement. Mais devait-elle lui en parler?
"En fait, commença-t-elle, peu sûre d'elle. Je me demandais juste..."
A cet instant précis, l'idée que lui avait donné Chieri lui traversa l'esprit et elle se jeta dessus comme s'il s'agissait d'une bouée de sauvetage.
"Je me demandais ce que tu portais pour dormir.
-Quoi?? Fit le lycéen dans un rire.
-Je sais que c'est bizarre comme question mais tu... j'ai l'impression de ne pas te connaître assez."
Tetsuya fixa une minute Nao puis changea de position et s'assit de façon à pouvoir regarder sa petite amie droit dans les yeux.
"T'es pas sérieuse quand même? On se connaît depuis plus de deux ans.
-Mais non justement. On ne se connaît pas depuis deux ans. On se voit depuis deux ans.
-Et donc t'as l'impression que les mystères m'entourrent? T'as peur que je suis le genre de gars qui sort de chez lui au beau milieu de la nuit pour mordre le cou des jeunes filles innocentes?
-Non, biensûr que non."

Le fait que Nao ai baissée la tête pour répondre montrait une fois de plus qu'il avait visé juste. Ou presque. Peut-être pensait-elle qu'il lui cachait des choses?
Le silence se fit un court instant puis Tetsuya se leva subitement, s'avança en direction du fauteuil et, sans prévenir, porta Nao dans ses bras.
"Aaaah! Mais... Qu'est-ce que tu fais?" S'étonna la lycéenne.
Tetsuya retourna vers le canapé et attendit d'être assis pour lui donner une réponse.
"Je t'installe confortablement sur mes genous."
Et la seconde suivante, Nao se retrouva assise sur les genous de Tetsuya.  Fallait-il préciser que son coeur battait à tout rompre et que son corps surchauffait? Ils étaient assez proches l'un de l'autre pour que Tetsuya le devine ou même le sente. Trop mignonne! Ne put-il s'empêcher de penser en ravalant le sourire qui lui démangeait les lèvres. Il posa ensuite ses mains sur la taille de Nao et, tout comme il l'avait fait un peu plus tôt, il plongea son regard dans celui de la jeune fille.
"Tu as besoin de savoir quelque chose sur moi?"
Nao cligna plusieurs fois des yeux, l'air perdu.
"De quoi?
-Il suffit de me poser la question. Quoi que tu me demandes, je te répondrai honnêtement.
- ...
-Tout ce que tu veux."

Ces cinq mots qu'il venait de prononcer eurent un effet que Tetsuya lui-même n'aurait jamais pensé provoquer. Il eut tout juste le temps de fermer les yeux lorsque les lèvres de Nao se posèrent sur les siennes pour lui voler un baiser. Le plus tendre des baisers qui puisse exister.

Quand il rouvrit les yeux, Tetsuya savait qu'un sourire béat rayonnait sur son visage.
"ça a l'air d'aller beaucoup mieux dis donc" fit-il sur le ton de la plaisanterie.
Bien sûr, cette remarque fit rougir Nao mais à la différence de d'habitude, elle souriait aussi.
Peut importe ce qui se disait autour d'eux dorénavant. Elle n'avait plus besoin d'en savoir plus sur son petit ami. En revanche, ce qu'elle comptait bien faire à partir d'aujourd'hui c'est retirer ce balai coincé dans son derrière et profiter pleinement des instants qu'elle passerait avec ce garçon merveilleux qu'elle avait la chance d'avoir auprès d'elle.

à suivre...

Lorsque Nino aperçoit Jun et Ohno en train de dîner dans un restaurant alors que ce dernier avait dit à Nino qu'il ne pouvait justement pas sortir avec lui ce soir-là... (Oui, oui, je sais... C'est sûrement biiiiien au début de la fic...) En partant précipitamment, Ohno a fait tomber un ticket, que Jun a ramassé, provenant d'une bijouterie où il aurait acheté une chaîne en argent. Quelques temps plus tard, alors qu'Ohno a invité Nino à passer du temps chez lui, ce dernier aperçoit sur l'étagère d'Ohno une longue boîte richement décorée, un cadeau quoi. Il était sur le point de demander à Ohno ce que c'était mais l'arrivée de la mère de celui-ci l'en a empêché... Dis, dis, ce qu'il y a dans cette boîte, ce serait pas cette chaîne justement ? Je t'avais bien dit que c'était stupide, mais j'arrive pas à m'enlever cette petite scène de la tête.

L'excitation à l'égard de Noël et du Nouvel an finit par s'estomper pour finalement accueillir le mois de Février, accompagné de son vent glacial.
Vêtu d'un gros pull col roulé imposé par le styliste, Aiba était confortablement installé dans un fauteuil, jambes croisées, occupé à envoyer des messages. Cela faisait plusieurs minutes déjà qu'il avait les yeux rivés sur son portable. Yeux qui pétillaient plus que jamais.

La pièce n'était pas très grande mais elle l'était assez pour eux. "Eux" parce que Sho était venu squatter la loge réservée à son ami, comme souvent. En attendant le début du tournage, le caster avait prévu de lire quelques magazines ou journaux mais le son du vibreur et du clavier que produisait le portable d'Aiba le distrayait. Il décida donc de lever le nez du Asahi Shinbun pour regarder en direction du fauteuil. L'impression qu'il eu alors d'Aiba à ce moment-là le fit sourire. On aurait dit qu'il n'était pa ici, dans cette loge, à quelques minutes d'un tournage qui pouvait durer dés heures. Son monde à lui semblait si doux! C'était donc ça de tomber amoureux? Sho l'enviait presque. Il se surprit même à espérer connaître à son tour un tel bonheur. Mais quand? Et comment? Il n'en savait rien. Tout ce qu'il pouvait c'était attendre.
Il observa encore quelques secondes son ami discuter avec Chieri puis retourna sagement  à son journal.


Dans le couloir, un troisième membre d'Arashi se baladait, l'air de rien. Malgré sa bouille enfantine, les intentions qu'il avaient au fond de lui étaient tout sauf innocentes. Arrivé devant une loge qui n'était absolument pas la sienne, Nino ouvrit la porte et se glissa dans la pièce. Il constata aussitôt que seuls deux personnes l'occupaient: Lui et son leader. Ce dernier ne fit aucune remarque quant à la soudaine irruption de son compagnon ou sur le fait qu'il n'ai pas pris la peine de frapper avant d'entrer. Apparement, rien ne choquait ce garçon. Il continua d'enfiler son jean, tout en suivant du regard son ami qui s'avançait vers le fauteuil.
"Combien de boxer gris tu as exactement? Demanda le gamer en s'installant comme s'il s'apprêtait à regarder un film.
-Plein, répondit Ohno, non sans un sourire. J'y peux rien, ma mère m'en a acheté tout un paquet. Tu voulais me dire quelque chose?
-Non, pourquoi?
-Ben qu'est-ce que tu viens faire là?
-J'ai besoin d'avoir quelque chose à te dire pour venir ici?"

Aucune réponse. Ohno était beaucoup trop concentré sur sa braguette qu'il remontait lentement. Il était tellement concentré qu'il ne vit pas Nino se lever et s'approcher de lui à pas de loup. Lorsqu'il sentit le souffle du gamer chatouiller son cou, Ohno esquissa un sourire puis ferma les yeux. Les lèvres de Nino se pressèrent doucement contre sa peau.

"T'es fou de faire ça ici, prévint le leader, les yeux toujours clos.
-Je sais. Mais c'est plus fort que moi.
-Si quelqu'un entre, on est mal.
-Tais-toi un peu et laisse-moi faire."

Comme pour lui faire plaisir, le leader ne dit plus rien et l'embrassa avec avidité. Ses mains, qu'il avait posé sur les hanches de Nino, remontèrent dans son dos, caressant sa peau douce sans la moindre imperfections. Mais parfois, la raison était plus forte que l'envie. C'est pourquoi il repoussa Nino sans trop le brusquer et lança:

"T'es vraiment le diable en personne hein!"
L'exclamation et l'expression du leader arracha un sourire au gamer.
"Ne traîne pas trop. On va pas tarder à commencer le tournage."
Et sans rien ajouter d'autre, il s'avança vers la porte et quitta la pièce, continuant de sourire d'un air béat.


La cour du lycée grouillait d'élèves. La sonnerie avait libérés les lycéens qui, tous sans exception, se précipitaient pour se mettre au chaud chez eux.
Plongées dans une de leurs banales discussions, Nao et Chieri ne s'aperçurent pas tout de suite qu'un garçon les suivait. Ce n'est quand entendant sa voix derrière elles qu'elles se retournèrent.
"Tu sais qu'on appelle ça du harcèlement? Lui demanda Chieri alors que Tetsuya se plaçait entre elles avant de prendre la main de Nao.
-Et toi tu kidnappe ma copine. On est quitte.
-Je la kidnappe pas, on rentre ensemble.
-Tu peux me laisser lui dire au revoir au moins non?
-Vas-y, je t'en prie."

Le jeune homme s'arrêta de marcher pour embrasser tendrement Nao sur les lèvres.
"A demain, lui dit-il.
-A demain.
Le sourire un peu niais de Nao s'élargit lorsque Tetsuya déposa un rapide baiser sur sa main qu'il tenait encore. Il la lâcha ensuite à contre coeur, salua Chieri puis rejoignit ses amis qui l'attendaient un peu plus loin.
"Nao?
-Hm?
-T'es entrain de baver.
-N'importe quoi!"
Tout en riant, les deux lycéennes poursuivèrent leur chemin jusque chez elles.


Plus tard dans la soirée (bien plus tard), alors que toutes les montres et horloges indiquaient 22h15, une porte s'ouvrit à la volée et deux personnes collée l'une à l'autre entrèrent dans un appartement plongé dans le noir. La propreté des lieux laissait comprendre qu'il s'agissait de l'appartement de Jun. Le coup de pied qui claqua la porte venait donc de lui. Et les lèvres qu'il embrassait fugueusement appartenaient sans doute à la très belle jeune femme qu'il fréquentait depuis trois semaines.

Le chanteur lança le trousseau de clés sur la table et tituba jusqu'au canapé sur lequel il se laissa tomber. Ses lèvres se balladèrent maintenant dans le cou de sa partenaire qui tâchait de lui retirer sa chemise. Elle fit parcourir ses mains sur son torse et l'attira davantage contre elle. Jun parvint tant bien que mal à dévêtir en partie la jeune femme. Il commençait tout juste à s'attaquer au bouton de son jean lorqu'il sentit quelque chose vibrer dans la poche de son jean à lui. Ne prenant même pas le temps de réfléchir, il sortit son portable, l'éteignit et le laissa tomber par terre, sur le tapis. Le tout sans cesser de couvrir de baisers ce corps brûlant contre le sien.

Alors qu'il était enfin parvenu à ôter ce jean moulant, une autre sonnerie retentit subitement. Cette fois c'était le téléphone fixe. Pensant qu'il pouvait laisser agir le répondeur, Jun ne s'arrêta pas une seule seconde. Plusieurs sonnerie passèrent et une voix familière se mit à parler.

"Jun-kun? Jun-kun t'es là?
Nino? Se dit Jun, l'air un peu surpris.
"Jun-kun si t'es là décroche s'il te plait. 'Faut que je te parle.
Voyant que personne ne décrochait, le gamer reprit.
"Jun! Je suis gay! Alors si t'as une minute pour qu'on en discute, rappelle-moi."

Les yeux de Jun étaient à présent grand ouverts. Légèrement redressé, il regardait droit devant lui, complètement figé.
"Euh... Je sais pas qui c'est mais j'crois que tu devrais le rappeler tout de suite."
Le chanteur entendit à peine le conseil de sa nouvelle copine. Il était beaucoup trop sonné pour entendre, dire ou faire quoi que ce soit. En tout cas, une chose était sûre: sa soirée était fichue.

à suivre...

La première sonnerie qui retentit ne le fit pas réagir plus que ça. Mais lorsque cette même sonnerie retentit une deuxième puis une troisième fois sans interruption, Nino mit son jeu sur pause, posa sa mallette et alla ouvrir. C'est alors qu'il sursauta en se retrouvant face à un Jun essoufflé, tentant de faire disparaître son point de côté.
"Ju-Jun-kun?" Bafouilla le gamer, surpris.
Le plus jeune ne dit rien et entra, toujours en tentant de reprendre son souffle.
"L'ascenseur est en panne? Risqua Nino, le regard posé sur son collègue et ami.
-Nan. J'avais juste pas la patience d'attendre.
-Ah."

Après environ une minute entière de silence affreusement gênant, Nino demanda:
"T'as écouté mon message c'est ça?
-Et comment que je l'ai écouté! Tu peux m'expliquer ce que ça veut dire?!
-Ben ça veut dire que-
-Je sais très bien ce que ça veut dire! L'interrompit Jun en le fixant. Mais comment?... Pourquoi tu...? Qu'est-ce qui...?
-Tu veux bien compléter tes questions s'il te plaît?

Cette fois Jun inspira un grand coup pour se calmer. Il replongea ensuite son regard dans celui de son hôte.
"Je peux avoir un verre d'eau?
-Bien sûr. Je vais te le chercher."
Lançant un dernier regard un peu inquiet en direction de son ami, Nino tourna les talons et s'en alla vers la cuisine. Quelque chose lui disait que la soirée allait être longue. Très longue.


Assise en tailleur sur son lit, Nao rangea son livre de sciences pour ouvrir à la place son cahier de maths. A peine avait-elle commencé à lire la première ligne de la leçon que son portable se mit à sonner. Un sourire se dessina aussitôt sur le visage de la jeune fille quand elle vit de qui provenait l'appel.
"Allô? Fit-elle avec enthousiasme.
-Qu'est-ce que tu fais? Lui demanda la douce voix de Tetsuya.
-Mes devoirs de maths. Et toi?
-Un peu de rangement."
Le petit rire que laissa échapper Nao ne passa pas inaperçu.
"Tu me crois pas? Fit le lycéen.
-Si si. Mais j'ai du mal à t'imaginer dans ce genre de situation. Tu m'avais pas dit que quelqu'un s'en chargeait deux fois par semaine?
-C'est le cas.
-Alors qu'est-ce que tu ranges? Ta chambre?
-Des affaires."

A ce moment-là, quelque chose fit "tilt" dans la tête de Nao. Les réponses de Tetsuya la troublaient. Elles étaient... trop courtes. Et c'était inhabituel. Et puis d'abord pourquoi appelait-il si tard? Il lui arrivait parfois d'envoyer des messages au cours de la nuit mais il n'appelait jamais. Alors pourquoi ce soir?

"Nao? Entendit-elle soudain à l'autre bout du fil.
-Hm?
-ça va pas?
-J'allais justement te demander la même chose.

Le silence qui suivit ses paroles confirma les doutes qu'elle avait. Maintenant, c'était la peur qui commençait à grandir quelque part au niveau de son estomac.
"Qu'est-ce qu'il y a ? Osa-t-elle demander d'une petite voix.
-Mon père m'a appelé tout à l'heure.
-Pourquoi?? Tes parents reviennent au Japon?
-Non... C'est moi qui dois partir. A Hong Kong.
-Quoi??
-Attends! Laisse-moi finir. C'est juste pour deux semaines. Apparemment mon père a organisé une série de réunions et de soirées auxquelles je dois participer aussi. Ma mère a même appelé le lycée pour les prévenir que je manquerais les cours durant deux semaines.
-ça a l'air très important... Tu pars quand?
-Demain soir.
-Demain soir??
-Oui. Du coup je fais mes valises.
-Uwa! C'est pas un peu soudain?
-Si. Mais j'ai pas le choix."

Nao ne sut trop quoi répondre. Elle réfléchit un instant puis dit la première chose qui lui passa par la tête.
"Je te passerais mes cours à ton retour. Tu me préviens quand tu rentres?
-T'as pas l'intention de me parler avant?
-Ben... Tu seras sans doute occupé non?
-Hmm pas faux. Mais je t’appellerais sûrement de là-bas dés que je pourrais.
-D'accord.
-'Faut que je te laisse Nao. Je t'envoie un mail demain?
-Oui. Prends soin de toi. Oh et prends des photos!
-J'en prendrais plein."
Nao ne put se retenir de sourire et elle savait que de son côté, Tetsuya faisait pareil.

Quelques minutes passèrent et enfin, la lycéenne raccrocha. Elle resta un moment immobile, repensant à la conversation qu'elle venait d'avoir puis retourna à sa leçon de maths, sans se douter une seule seconde de l'effet qu'allait avoir l'absence de Tetsuya sur elle.


Dans le salon de Nino, l'ambiance n'avait pas vraiment changé. Les longues minutes silencieuses continuaient de les mettre mal à l'aise l'un comme l'autre, à tel point qu'ils n'osaient même plus se regarder dans les yeux.
"Tu veux dire que vous êtes tous au courant? Interrogea Nino, toujours sous le choc.
-C'est moi qui leur en ai parlé en fait. Et ne me demande pas comment moi j'ai appris ce qui se passait entre Riidaa et toi parce que j'en sais rien.
-Comment ça t'en sais rien?
-J'en sais rien, qu'est-ce que tu veux que je te dise? Peut-être que ça se voyait sur votre visage, je sais pas. J'ai juste senti qu'il se passait quelque chose. Mais y'a un truc que je comprends pas Nino.
-Quoi?
-Pourquoi tu m'avoues tout? Pourquoi maintenant?"

Nino lui-même sembla se poser la question. Pourquoi avait-il tout d'un coup dit la vérité à Jun?
Il hésita quelques secondes, changea de position dans le fauteuil, se passa une main sur le visage puis se lança.
"Il faut que... J'ai besoin qu'on... m'impose certaines limites.
-Comment ça? J'comprends pas.
-Tout à l'heure, quand j'étais avec Ohno-kun, j'ai ressenti..."

L'hésitation de son ami commençait vraiment à angoisser Jun. Qu'essayait-il de dire exactement? Que lui arrivait-il au juste? Une multitude de questions naissaient en lui et lui donnait la migraine.

"J'ai eu l'impression d'avoir été imprudent. N'importe qui aurait pu entrer et nous surprendre. J'en étais conscient mais c'était comme si...ça me faisait rien. Je m'en fichais. J'ai toujours fais attention jusque là mais je sens que ça change petit à petit. Tu comprends ce que je dis?
-Je crois que oui..."

Perplexité et inquiétude se lisait sur le visage de Jun. Malgré tout, il comprenait rééllement ce que Nino lui expliquait. Il se demandait juste ce que son ami attendait de lui. Mais même ça, il avait fini par comprendre.
"Tu veux que je te surveille c'est ça? Demanda-t-il, surpris par ses propres mots.
-C'est bien ça."
Cette fois, se fut au tour de Jun de se passer les mains sur le visage d'un air las.
"J'en reviens pas qu'on ai cette conversation, dit-il d'une voix basse.
-Désolé de t'imposer ça.
-Non non! T'y es pour rien. Enfin si mais bon t'as pas vraiment choisis d'être comme ça j'imagine. Et puis je suis content que tu m'en ai parlé.
-Je peux compter sur toi alors?
-Evidemment.  Mais là, tout de suite, j'ai besoin d'une bonne douche froide alors je vais rentrer.
-J'comprends. Excuse-moi, ça doit te faire tout drôle d'entendre tout ça.
-T'imagines pas à quel point! On se voit demain d'accord?"

Le disant, Jun s'avança vers la porte et posa une main sur la poignée quand Nino l'interpella soudain.
"ça t'embête pas de garder ça pour toi? Lui demanda-t-il d'un air grave.
-Les autres sont déjà au courant, je te l'ai dit.
-Non pas ça. Tu pourrais ne pas parler de cette conversation à Ohno-kun?
-A Riidaa? Pourquoi?
-S'il apprenait que vous êtes tous au courant, il va soit paniquer, soit devenir muet à chaque fois que l'un d'entre vous lui adressera la parole. Je préfère éviter ça.
-Moi aussi.
-On est d'accord alors. Pas un mot à Ohno-kun.
-ça marche.
-Merci.
-A demain."

Jun lui fit un dernier signe de la main puis s'en alla.  Nino, quant à lui, se laissa tomber sur le canapé et resta inerte durant plusieurs minutes, le regard dans le vide. Sa partie était toujours sur pause mais il n'avait plus envie de jouer. Il resta donc allongé sur le ventre et, après avoir réfléchit à toutes sortes de choses, finit par s'endormir.

à suivre...