Avant même que le réveil émette ce son désagréable qu'il entendait chaque matin, le jeune homme tendit le bras pour l'éteindre.
Shô était réveillé depuis au moins une heure mais il était pourtant là, étendu de tout son long sur sur le lit, ses mains recouvrant à présent son visage. Peut-être qu'avoir les yeux ouvert depuis une heure ne signifiait pas vraiment qu'il était réveillé. Épuisé, il n'arrivait même pas à se redresser ou même à poser un pied par terre. Pourquoi avait-il passé toutes ces heures sur son ordinateur la nuit dernière alors qu'il aurait très bien pu finir son travail le lendemain? Quel idiot il faisait!
"Hmm...A-Aïe..."
Shô tourna brusquement sa tête et observa sa femme, allongée à côté de lui. Il fronça les sourcils, inquiet par les gémissements qui s'échappaient de sa bouche.
"Eri?" Appela doucement le jeune homme.
Aucune réponse.
"Eri, ça va?"
Il se redressa un peu et posa une main sur l'épaule de son épouse qui lui tournait le dos. Il se pencha pour mieux la voir. Elle dormait. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait au rythme de sa respiration lente. Shô resta encore un instant à la contempler, toujours inquiet puis décida soudain qu'il était temps de se lever. Il fit attention de ne pas faire trop de bruit, enfila un pantalon et sortit de la chambre en ferma la porte derrière lui.
Dans la cuisine, il commença à rassembler les ingrédients pour réaliser un parfait petit-déjeuner. Il prépara une omelette légèrement brûlée qu'il enroula puis posa au milieu d'une assiette, beurra des toast, versa du café dans deux tasses et juste au moment où il s'apprêtait à emmener le tout dans le salon, la porte de la cuisine s'ouvrit, laissant apparaître le visage encore endormi de Erika.
"Qu'est-ce que tu fais? Lui demanda-t-elle d'une voix ensommeillée.
-Désolé, le bruit t'a réveillé?
-Non. Notre fils, le futur footballeur m'a réveillé."
Shô ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire. Mais ce même sourire s'effaça lorsque sa femme poussa un autre cri.
"C'est normal, ne panique pas, le rassura Erika en voyant Shô se précipiter vers elle d'un air affolé. Il donne juste quelques petits coups.
-T'es sûr que ça va aller? On peut être à l'hôpital dans moins d'un quart d'heure si-
-Je t'assure que ça va aller. Viens plutôt manger avec moi", ajouta-t-elle avec un large sourire.
Elle s'approcha de Shô et l'embrassa tendrement avant de regarder avec gourmandise ce que son mari lui avait préparé.
*****
"C'est de la folie! Il fait plus de 40°C et la salle est rempli de monde!
-Je sais même pas quelle heure il est. Quelle heure il est Kei??
-14h30 m'sieur. Il me faut encore deux assiettes de riz au curry. Est-ce que vous voulez que je m'en occupe?
-Non, j'ai presque fini."
Aiba se dépêcha de se rincer les mains et prépara les deux assiettes demandé par Kei. Le jeune cuisinier poussa ensuite la porte et disparut derrière elle.
La salle était effectivement pleine à craquer. Toutes les tables étaient occupées. Des vieux, des jeunes, des enfants... On aurait dit que toute la ville s'était regroupée ici.
Aiba n'avait pas mis les pieds dehors depuis ce matin. Il était resté dans la cuisine pour s'occuper des préparations, tandis que Kei se chargeait de servir les plats. Il était justement entrain de poser les assiettes de riz au curry sur une table lorsqu'une jeune fille attira son attention. Postée devant le comptoir, elle attendait, les yeux rivés sur la porte de la cuisine. C'était une habituée, Kei la reconnu tout de suite. Mais qu'est-ce qu'elle voulait? ça il ne le savait pas.
Il s'avança tant bien que mal jusqu'à elle et demanda:
"Vous avez besoin de quelque chose? Un problème avec votre plat?"
La jeune fille le regarda d'un drôle d'air, les yeux grand ouvert, un peu comme un hibou. Elle hocha frénétiquement la tête puis retourna à sa table en marchant très vite.
"Euh...Okay..." Fit Kei mi-surpris, mi-amusé.
Après un dernier regard en direction de la fille, il contourna le comptoir et entra dans la cuisine pour aller chercher une autre commande.
*****
Vers deux heures du matin, le restaurant commençait enfin à ressembler à un restaurant. Les tables étaient propres, plus rien ne recouvrait le sol et une douce odeur de produit nettoyant flottait dans l'aire.
Kei était parti depuis trente minutes. Aiba lui avait demandé de rentrer et avait fini de ranger la cuisine seul, malgré l'épuisement qui se faisait ressentir dans toutes les parties de son corps.
C'est en pensant très fort à son lit et à son oreiller qu'il monta les quelques marches qui le menaient à son appartement. Mais arrivé devant la porte, il s'arrêta net. Cependant, l'étonnement ne dura pas. Il soupira et poussa la porte.
Le salon était plongé dans le noir. Aiba alluma la lumière et découvrit son invité surprise étendu sur le canapé, jouant comme d'habitude avec une balle de baseball qu'il s'amusait à rattraper après l'avoir lancée.
"Tu peux me dire depuis combien de temps t'es là?"
Nino ne répondit pas. Il lança une dernière fois la balle dans les aires, la rattrapa puis la garda dans sa main gauche. Aiba soupira une nouvelle fois. Il s'était passé quelque chose. Il le sentait. Il jeta ses clés dans un bol posé près de l'entrée, enleva ses chaussures, traversa la pièce et alla directement dans la cuisine. Moins de trente secondes plus tard, il réapparut dans le salon, tenant une canette de bière dans chaque main. Il vint ensuite s'asseoir sur le petit espace qui restait sur le canapé et tendit une canette au musicien qui la prit sans rien dire.
Pendant plusieurs minutes, les deux hommes se contentèrent de boire en silence, évitant de se regarder. Puis, après ce qui semblait être une éternité, Nino décida enfin d'avouer la raison de sa visite.
"Il a dit non."
Aiba cessa de boire et se tourna vers son ami. Quatre mots. Il n'avait entendu que quatre mots mais il avait compris. Ayant parfaitement conscience que son expression révélait la tristesse qu'il éprouvait pour son ami, Aiba reporta son attention sur sa canette, but une gorgée et dit:
"Désolé pour toi Ninomi."
à suivre...