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| | OS Monster ( Matsumoto Jun) | |
| | Auteur | Message |
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Ame-chan Nègre littéraire de la Johnny's
Messages : 17 Date d'inscription : 24/01/2013
| Sujet: OS Monster ( Matsumoto Jun) Ven 16 Aoû - 14:57 | |
| Bonjour, c'est la première fois que je poste ici, j'espère que ça vous plaira^^ Rating : T Résumé : Une personne qui s'en va, l'autre qui reste. Ce n'est pas une belle histoire ni une romance divertissante. C'est juste leur histoire. - Spoiler:
Titre : Monster Rating : T Résumé : Une personne qui s'en va, l'autre qui reste. Ce n'est pas une belle histoire ni une romance divertissante. C'est juste leur histoire. Le soleil était éclatant, pas un seul nuage ne gâchait cette magnifique journée. Les pétales de cerisiers n'avaient jamais été aussi beaux. La température était douce, l'atmosphère agréable, l'air pur. Cette journée de printemps serait inoubliable. Oui, Kagura n'oubliera jamais cette journée, elle restera ancrée dans sa mémoire pour tous les printemps à venir. Elle n'oubliera jamais le jour où Matsumoto Jun s'est fait incinéré. Le jour où elle fut obligée d'accepter la mort de son meilleur ami. Elle avait toujours refusé d'y croire. Comment l'être qui lui était indispensable avait-il pu mourir ? Pourquoi se retrouvait-elle seule maintenant ? Car elle était vraiment seule dans cette foule noire qui assistait également à l'incinération de Jun. De plus, sa famille avait insisté pour voir la vidéo de cet événement funeste. C'est à peine si elle arrivait à tenir debout. Plus les flammes dévoraient le cercueil, plus elle sentait la solitude l'envahir pour mieux la faire vaciller. Cette vision était tout simplement horrible. Le corps de Jun était en train de brûler, il allait complètement disparaître. Elle souffrait atrocement, comme si c'était elle qu'on brûlait. Elle était à l'agonie, comme si elle était en train de mourir pendant que le corps de son meilleur ami partait en fumée. Pourtant, elle n'arrivait pas à pleurer alors qu'elle voulait déverser son chagrin pour se soulager. Ses yeux restaient désespérément secs, fixant l'écran terne et triste qui montrait les cendres de celui qui était mort noyé en pleine nuit, quelques jours plus tôt... Il était parti avec des amis à Okinawa, il avait parié qu'il était capable de nager plus loin que tout le monde, il avait réussi grâce à sa motivation et son orgueil, il a eu une crampe douloureuse, il est mort noyé. Il aurait peut-être du parié qu'il était capable de revenir... Quand Kagura eut appris la nouvelle, elle avait été incapable de parler. Après le choc, elle réalisa qu'il n'y avait que Jun pour mourir ainsi, pour se laisser emporter par ses pulsions, quitte à ce qu'elles l'entraînent dans les profondeurs. Une fois l'incinération finie, la jeune fille rentra chez elle, seule. Elle ne voulait parler à personne, préférant le calme de son appartement. Elle se laissa tomber sur son lit et ferma les yeux. Elle se mit à penser à leur relation, à leur passé.
Ils s'étaient connus depuis la petite enfance. Leurs familles respectives s'entendaient très bien, par conséquent ils devinrent rapidement amis, jusqu'à devenir inséparables. Ils avaient passé toute leur scolarité ensemble ainsi que leurs vacances. Ils étaient toujours à côté en classe et faisaient leurs devoirs en commun. Leurs caractères opposés faisaient qu'ils se complétaient. Jun était celui qui avait tout pour être populaire. Il était impulsif et désirait tout maitriser. Il se lançait des défis pour avancer et les réussisaient à chaque fois. Kagura était plus calme, elle se contrôlait en permanence. Souriante mais beaucoup plus réservée, elle n'avait pas beaucoup d'assurance. C'était toujours Jun qui prenait les décisions mais il n'agissait que si Kagura était d'accord. Il était toujours attentionné envers la jeune fille et elle lui rendait la pareille. Ils étaient très tactiles et ils leur arrivaient même de dormir ensemble. Pourtant, ils n'éprouvaient pas de désir l'un envers l'autre et n'étaient jamais sortis ensemble. Ils se considéraient comme des meilleurs amis mais en réalité leur relation était beaucoup plus profonde. On aurait presque dit qu'ils étaient des faux jumeaux. D'ailleurs, leur entourage trouvait que c'était malsain. Il ne comprenait pas, c'était plus que de l'amitié mais ce n'était pas de l'amour. Pas de désir, pas d'attirance, rien. Cependant, Jun et Kagura ne s'en préoccupaient pas, tant qu'ils étaient tous les deux, rien d'autre ne comptait pour eux. Ils avaient même failli habiter dans le même immeuble mais Kagura s'y était pris trop tard pour les démarches. Sous la colère, Jun avait tout d'abord refusé de la voir pendant une semaine mais il ne tint pas un jour. C'était ainsi, ils étaient incapables de s'en vouloir. Bien qu'ils se connaissaient presque entièrement, bien qu'ils n'avaient jamais cessé de se côtoyer, ils n'avaient pas réalisé qu'ils étaient devenus indispensable l'un pour l'autre. Kagura était la seule à pouvoir calmer le jeune homme lorsqu'il rentrait dans des colères noires et lui-seul était capable de cerner véritablement la personnalité de la jeune femme. Vivre séparément ne leur était jamais venu à l'esprit, ils ne pensaient même pas que c'était possible. Et pourtant, Jun était mort, il était parti. Seul. Kagura se mit à pleurer. Ses larmes trahissaient sa tristesse mais aussi sa colère. Elle venait seulement de se rendre compte qu'elle devrait vivre sans lui désormais. Pour elle, c'était inconcevable. Elle pleura toute la nuit, sans voir les heures passer. Quand elle décida de se lever, elle sentit qu'elle était différente mais elle ne savait pas en quoi. Elle fit un moment de recul lorsqu'elle vit son reflet dans la glace de sa salle de bain. Ses yeux étaient cernés, mais ils n'étaient pas rougis par ses sanglots . Ils étaient presque vitreux, sans vie... Son teint était devenu terne, dénué d'une quelconque couleur. Elle prit une douche, se maquilla mais rien n'y fit. Elle avait beau essayer, son aspect cadavérique ne partait pas... Lasse, elle quitta son appartement pour aller à l'université. Pourtant, alors qu'elle était partie et qu'il n'y avait personne devant le miroir de la salle de bain, un reflet était resté. Ce n'était pas celui de Kagura mais celui d'un homme qu'elle connaissait bien.
Une fois de retour, Kagura se jeta sur son canapé en ruminant ses pensées. * Journée de merde... j'arrête pas de penser à lui, je me sens mal, je me sens mal...* Elle soupira. Elle n'aimait pas être dans cet état mais elle ne pouvait rien y faire. Elle devait attendre que sa tristesse passe et qu'elle s'habitue à son absence. Elle se rassit normalement et regarda autour d'elle. Elle observa avec attention la table qu'elle et Jun avaient faite ensemble, au papier peint qu'ils avaient mis ensemble, la télévision qu'ils avaient achetée ensemble, au...Elle se leva subitement, mal à l'aise. Elle réalisa que son appartement avait été aménagé à deux, de la visite jusqu'à l'achat des dessous de verre... La jeune fille en eu des frissons. *Ok... mon appart ressemble à un appart de couple alors que je suis célibataire... bon... on va dire que ce n'est pas bizarre ni ridicule...* Peut-être que les gens avaient raison finalement, leur relation était malsaine. Kagura refusait cette idée. Certes, ils avaient été proches, trop proches, mais c'était leur façon d'être. Pour elle, leur relation était naturelle, peu lui importait ce que pensaient les autres. Elle se calma et fit le point sur sa journée. Elle n'avait pas souri une seule fois. Elle avait assisté aux cours mais elle s'était ennuyée toute la journée. A vrai dire, ses amis l'avaient ennuyée avec leurs questions. Ca va ? Comment tu le vis ? Il te manque hein... Mais au fait, vous étiez ensemble ? Etc... *Des imbéciles, rien que des imbéciles* pensa Kagura avec colère, comme-ci ce n'était pas assez dur. Elle alla dans sa salle de bain pour se nettoyer le visage mais demeure stupéfaite lorsqu'elle vit son miroir. C'était un cadeau de Jun, les bords étaient rouges sang et il était assez grand. Il avait toujours été propre, Kagura y tenant beaucoup, c'était un des objets dont elle s'occupait le plus. Mais en ce moment même, il était terne, le reflet qu'il renvoyait n'était pas net. Pourtant, la jeune fille aurait juré qu'il n'était pas dans cet état lorsqu'elle avait quitté l'appartement. Elle voulut le nettoyer mais le miroir restait le même. Impossible de lui rendre son éclat d'avant. Kagura était désemparée, comment un miroir pouvait-il se salir à ce point en une seule journée ? Elle ne comprenait pas. Certes, ce n'était pas choquant qu'un miroir ait besoin d'être nettoyé mais elle sentait que ce n'était pas logique. Elle se regarda une dernière fois dedans avant d'aller se coucher sans dîner. Le lendemain fut semblable à la veille et aux jours qui suivirent. Elle se levait, prenait son petit-déjeuner, étudiait, déjeunait, étudiait, et se couchait sans dîner. Pas de sorties entre amis, pas de divertissements, pas de rires mais un seul mot en tête : Jun. Elle allait à la l'université par pur principe mais elle s'en désintéressait complètement. Elle avait de plus en plus de mal à parler car elle avait perdu l'envie de le faire. Ou plutôt, elle avait perdu la seule personne avec qui elle adorait converser. La seule chose qui changeait son quotidien était son miroir. Jour après jour, il s'assombrissait davantage. Son reflet était de plus en plus flou, troublé. Chaque soir, dès qu'elle revenait, elle se précipitait dans sa salle de bain pour voir si son état était pire que le matin-même. Et c'était toujours le cas. D'ailleurs, plus les jours passaient, plus une sensation étrange la rendait mal à l'aise. Elle n'observait pas le miroir, c'était lui qui l'observait. Elle ne savait pas d'où lui venait cette pensée mais elle s'en inquiétait. De plus, elle ne pouvait rien y faire, elle était impuissante face à la noirceur qui envahissait son miroir.
Mais d'où venait cette noirceur aussi sombre que la mort ?
Il ne se lassait pas de la regarder, même sous cette forme. Cela faisait un mois qu'il était derrière ce miroir. Il n'avait pas de corps, mais son esprit demeurait ici. Il était bien mort mais il ne pouvait pas quitter ce monde. Du moins pas encore. Au début, il n'arrivait pas à distinguer les traits de sa meilleure amie. Il était encore trop faible pour cela, mais au fur et à mesure, il prenait plus de forces et pouvait la voir clairement. En revanche, le miroir était dans un piètre état. Ainsi donc, plus sa forme se finalisait, plus le miroir se rapprochait de sa fin. Intéressant... Il savait qu'il était mort pour de bon et qu'il ne ressusciterait pas. Il était juste un esprit, quelque chose qui ne devrait plus être là mais qui subsistait toujours. Il fallait qu'il patiente. Il finirait par aller dans l'au-delà et il savait qu'il ne partirait pas seul.
Le sentiment d'être épiée ne s'estompait pas. Comment un miroir noircit pouvait-il observer quelqu'un ? Impossible. Définitivement impossible. Pourtant, c'était ainsi, et la jeune femme ne se trompait pas. Préférant se changer les idées, elle décida de regarder la télévision. Elle tomba sur le film Ghost. Elle n'aimait pas vraiment ce film mais elle le regarda jusqu'à la fin puisque c'était le seul programme intéressant de la soirée. A la fin, elle se sentit désoeuvrée car elle ne comprenait pas le but de film. *Il n'aurait pas du intervenir et laisser tuer sa femme. Comme ça, elle l'aurait rejoint... Mais qu'est-ce que je suis en train de penser ?!!*paniqua-t-elle intérieurement * il faut absolument que j'arrête de déprimer, ça devient alarmant. * Elle décida de se coucher pour arrêter de ressasser des idées trop sombres pour elle. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que qu'une autre personne avait déjà eu cette idée avant elle... Le lendemain, Kagura resta chez elle car elle n'avait pas cours. De toute façon, aller à l'université ou glander dans son appartement, cela ne faisait aucune différence pour elle. Dans l'après-midi, elle se fit couler un bain afin de se prélasser. Elle resta un long moment dans l'eau chaude sans penser à rien, se laissant envahir par une torpeur qui lui fit oublier où elle était.
Elle ne voyait plus rien et se sentait oppressée par cette obscurité. Entourée par quatre murs, elle était debout mais arrivait à peine à bouger. *Où suis-je et pourquoi suis-je enfermée ? Que se passe-t-il ? Est-ce un rêve ? Un cauchemar ?* La panique finit par la gagner. Elle était enfermée dans un lieu étroit et ne pouvait se fier à aucun de ses sens. En tatonnant, elle comprit que les murs étaient en verre. Elle se sentait terriblement seule. Elle pouvait crier, personne ne l'entendrait. Même à présent, ses pensées se tournaient vers Jun. Elle hurla son nom afin de le faire apparaître mais en vain, il n'y avait qu'elle et les murs qui l'entouraient. Elle se mit alors à pleurer de désespoir, ses larmes coulaient sans s'arrêter. Soudain, elle fut éblouie par une vive lumière. Elle ouvrit les yeux avec peine pour finalement comprendre qu'elle était debout, bloquée dans un cercueil de verre. Elle poussa un cri d'horreur. Elle regarda autour d'elle et réalisa que ce cercueil était dans une salle grisâtre. Elle tapa contre le verre afin de se libérer mais elle échoua. Le cercueil ne bougeait même pas, comme si le bas était ancré au sol. Lorsqu'enfin, elle se calma, elle remarqua que ses larmes coulaient toujours. Pourtant, elle ne ressentait plus le besoin de pleurer mais ses larmes se déversaient sans qu'elle puisse les retenir. Malheureusement, ce n'était pas le seul problème. En effet, étant donné que le cercueil était fermé, l'eau provenant de ses larmes ne partait pas. Par conséquent, cette eau maudite s'élevait de plus en plus, rapidement de surcroit. Kagura réalisa avec effroi qu'elle avait déjà atteint ses genoux. Si cela continuait ainsi, elle finirait par mourir, noyée par sa propre tristesse. L'expression mourir de chagrin n'avait jamais pris autant de sens...Il fallait à tout prix qu'elle sorte de cet endroit, mais elle avait beau redoubler d'efforts, elle restait coincée. « Au secours !! A l'aide !! » Pendant ce temps, ses larmes ne cessait de tomber, la rapprochant peu à peu de la mort. La jeune fille se frotta les yeux jusqu'à en perdre le contrôle. Elle était tellement effrayée qu'elle était capable de s'arracher les yeux pour rester vivante. Par inadvertance, elle se griffa la joue droite violemment, s'arrachant la peau avec douleur. Et par une certaine évidence machaviélique, son sang se mit à couler aussi abondamment que ses larmes. Qui a dit que les cauchemards ne suivaient aucune logique ?
Mais était-ce vraiment un cauchemard ? Oui. Alors, allait -elle vraiment mourir noyée si personne ne l'aidait ? Oui...
Kagura ne se faisait aucune illusion, cauchemard ou non. L'eau avait pris une teinte rouge, une teinte macabre. Elle était arrivée à son cou, la mort devenait imminente. Il n'y avait aucune échappatoire, à moins que la mort en soit une. Elle était arrivée à sa bouche, l'odeur du sang lui donnait la nausée. Elle ne trouvait aucune solution, elle avait atteint ses limites. L'eau montait, la fin commençait. Tout ce qu'elle pouvait faire était voué l'échec. L'eau avait rempli le cercueil mais Kagura continuait tout de même de taper le haut du cercueil pour sortir. Soudainement, elle se figea, cessant tout mouvement. IL était là, devant elle. *Impossible...* Celui qui l'avait quittée trop tôt venait d'apparaître dans la salle sombre. Même à travers l'eau pourpre, elle parvenait à le distinguer. Il était juste en face du cercueil. Son visage était impassible, il semblait attendre qu'un événement se produise. Kagura était tellement surprise de le voir qu'elle en oublia sa situation critique. Elle l'appela mais dès qu'elle ouvrit la bouche, l'eau s'infiltra dans son corps. Elle sentait l'eau obstruer ses voies respiratoires, remplir ses poumons. Elle avalait ses larmes ensanglantées qui avaient le goût de la mort. Sa mort. Elle était condamnée. Son meilleur ami ne fit pas un geste. Cependant, il paraissait nerveux. La jeune fille lui lançait des regards affolés qui lui demandait de l'aider mais il demeurait immobile. Il semblait même impatient que cette scène horrible se termine définitivement. Il était pourtant capable d'y mettre fin lui-même et de la sauver... Kagura perdit ses dernières forces et arrêta de bouger. Elle s'appuya contre le verre, attendant de sombrer une bonne fois pour toutes. Mais elle refusait de partir comme ça, elle désirait vivre. Alors, en fixant la personne qu'elle aimait tant pour se donner du courage, elle cria, même si cela devait la tuer « JE NE VEUX PAS MOURIR ! »
Elle se réveilla subitement, en recrachant toute l'eau qu'elle avait avalée. La panique ne l'avait toujours pas quittée. Elle avait du mal à retrouver ses esprits, le manque d'oxygène l'avait assommée. Tous ses membres tremblaient, l'empêchant de sortir de la baignoire. Quand elle réussit, elle vomit dans le lavabo. C'était le pire cauchemard qu'elle ait fait de toute sa vie. C'est à peine si elle eut la force de mettre son peignoir. Elle s'assit le carrelage froid, posant ses bras sur ses genoux repliés. Elle tremblait toujours. Elle essayait de se calmer mais elle restait effrayée. Elle avait failli mourir. En s'étant endormie, elle avait glissé au fond de la baignoire. * Mais pourquoi ne me suis-je pas réveillée dès que j'ai eu la tête dans l'eau ? Ca n'a pas de sens..* pensa-t-elle, toujours sous le choc. Elle s'approcha avec crainte de la baignoire. Elle constata que l'eau n'avait pas monté, mais en revanche, elle avait pris une teinte légèrement rosée. Elle avait donc bien saigné. Elle porta sa main sur sa joue droite et sentit qu'elle avait une griffure. Par réflexe, elle voulut se regarder dans le miroir mais c'était impossible. Il était devenu complètement noir. Elle ne pouvait plus voir son reflet. Avec appréhension, elle avança sa main pour le toucher. Dès que ses doigts entrèrent en contact avec la glace froide, elle se brisa en mille morceaux. L'air devint immédiatement plus froid. L'atmosphère s'alourdit sinistrement. Kagura sentait que sa nausée allait revenir. La sensation d'être observée s'était considérablement accrue. Elle n'était pas seule. Elle avait l'impression que quelque chose était avec elle. Ou quelqu'un...
Il était enfin sorti. Il pouvait bouger librement et même traverser les murs. Comme quoi, être un fantôme avait aussi ses avantages. Néanmoins, il était déçu. Il avait cru que tout s'achèverait aujourd'hui. Finalement, le suicide inconscient de Kagura avait échoué. Il aurait du s'attendre à ce qu'elle résiste. Il l'avait regardée prendre son bain et s'endormir petit à petit. Au début, il avait été étonné qu'elle ne se réveille pas alors sa tête était sous l'eau, puis, il en avait ressenti de la joie. Il avait compris : Kagura tentait de se noyer durant son sommeil sans pourtant le réaliser. Mais il avait oublié qu'elle pouvait être aussi obstinée que lui. Pendant qu'elle dormait – et que sa mort approchait- elle avait voulu se réveiller en se portant les mains aux visages. Elle se combattait avec elle-même pour vivre. Il avait alors décidé de venir dans son rêve pour lui donner envie de le rejoindre mais cela avait crée l'effet inverse. Son apparition lui avait donné la force de revenir à la réalité. Il avait donc été obligé de la regarder dans ce cercueil pour rien. Il s'était empêché de l'aider alors qu'il aurait du le faire. Voir sa meilleure amie sur le point de mourir n'était pas ce qu'il préférait mais, il n'hésiterait pas à le refaire. D'ailleurs, il n'allait pas attendre que Kagura comprenne par elle-même qu'elle devrait mourir. Il comptait la pousser à se suicider. Pourquoi ? Parce qu'il ne pouvait être mort sans elle autant qu'elle ne pouvait être vivante sans lui. Ils n'étaient pas reliés par le tout mignon fil rouge qui rendaient les âmes sœurs inséparables quoi qu'il arrive. Dans leur cas, c'était plutôt une chaîne rouge qui les empêchait de vivre l'un sans l'autre. Autrement dit, ils devaient vivre ensemble ou mourir ensemble. Le contraire n'existait pas. C'était déjà un miracle que la jeune fille ait survécu alors qu'une partie d'elle avait réalisé cette logique très éloignée du romantisme. Ainsi, il allait faire en sorte que leur destinée soit accomplie. Il la conduirait au suicide, même si cela revenait à dire que Matsumoto Jun tuerait celle qu'il aime indirectement.
La jeune fille restait perplexe. Elle regardait autour d'elle sans pour autant remarquer quoi que ce soit. Tout s'enchainait trop vite : le miroir, son sommeil trop agité, son meilleur ami qui n'avait pas agi pour elle, cette présence qui ne la rassurait absolument pas... Elle ne comprenait plus rien. En réalité, le cauchemar de Kagura ne faisait que commencer.
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| | | Sachan Admin
Messages : 296 Date d'inscription : 18/09/2012 Age : 33 Localisation : Quelque part...
| Sujet: Re: OS Monster ( Matsumoto Jun) Sam 17 Aoû - 12:51 | |
| Uwaaa... Je savais pas que tu écrivais aussi bien. Ce one-shot est divinement bien écrit. Et puis tes idées sont géniales! La description du premier paragraphe était très agréable à lire. J'aime énormément ta façon de nous plonger dans leur passé, juste après que Kagura ai fermé les yeux. On aurait dit un film. Un très beau film qui nous laisse sans voix à la fin. Bravo pour ce one-shot et merci de l'avoir partagé avec nous! | |
| | | Ame-chan Nègre littéraire de la Johnny's
Messages : 17 Date d'inscription : 24/01/2013
| Sujet: Re: OS Monster ( Matsumoto Jun) Sam 17 Aoû - 16:59 | |
| Merci pour ton commentaire sachan ! Mais en fait j'ai oublié de dire que c'était la 1ère partie ( à chaque fois j'oublie de le dire ) D'ailleurs la voici^^ j'espère que ça ira... Partie 2 - Spoiler:
Kagura frissonnait. Le froid avait envahi son appartement, chassant la moindre source de chaleur. Elle avait beau s'être mis des vêtements chauds, ce n'était pas suffisant. Il s'était infiltré dans son être, glaçant sans aucune pitié les moindres parcelles de son corps. Les miroirs s'étaient couverts de buée et s'étaient assombris en même temps. Par la même occasion, la blessure sur la joue de Kagura s'était remise à saigner. La jeune fille était littéralement effrayée. Des phénomènes paranormaux se produisaient sans qu'elle puisse y faire quelque chose. Plus le temps avançait, plus la jeune fille se disait qu'elle n'était pas seule. Elle ne croyait pas aux esprits et ne s'en était jamais intéressée mais à présent, elle commençait à avoir des doutes. Le plus étrange était que ce phénomène apparaissait juste après son horrible cauchemar. Celui où Jun la regardait mourir sans bouger. Etait-ce un esprit qui provoquait ce froid ? Serait-ce la raison pour laquelle elle se sentait mal à l'aise ? Et si c'était Jun qui désirait rester auprès d'elle ? Kagura retourna dans sa chambre et se laissa tomber sur son lit, lassée de toutes ces questions qu'elle croyait ridicules. La fatigue fit surface mais elle avait peur de s'endormir, peur que sa tristesse et sa douleur essaient de la tuer une seconde fois. Souffrait-elle donc au point de vouloir mourir ? L'idée ne lui avait jamais traversé l'esprit. Mais à force de réflexion, Kagura comprit que si elle ne s'était pas réveillée dans la baignoire, c'est qu'elle ne le voulait pas inconsciemment. Cette pensée la terrifiait. Il ne fallait surtout pas qu'elle pense que la mort était un remède. Elle avait perdu un être – trop- cher à son cœur, mais à ses yeux, cela ne justifiait pas un suicide. Penser comme cela la rassura, elle avait encore envie de vivre, et c'était cela le plus important. Du moins, c'était ce qu'elle croyait... Elle éteignit la lumière car elle voulait finalement s'endormir, pour oublier ne serait-ce que quelques heures, combien il était difficile de vivre sans les personnes qu'on aime. Cependant, le sommeil avait décidé de la fuir, ce qui l'obligeait à subir l'atmosphère lugubre qui régnait dans la pièce. L'obscurité l'oppressait, à tel point qu'elle en suffoquait.
Jun la fixait d'un regard vide. Il souffrait d'être si près d'elle sans pour autant lui parler, la toucher, l'aimer. Il fallait qu'elle le rejoigne, qu'elle comprenne que sans lui, sa vie n'avait plus aucun sens. Il la regarda s'endormir peu à peu, tout en réfléchissant à la manière dont il allait provoquer son suicide – ce qu'on pourrait voir comme un meurtre. Ce ne serait pas si difficile, elle était fragile, seule, sans défense. Il aurait pu choisir d'accepter sa mort et laisser Kagura s'en remettre, voire refaire sa vie avec quelqu'un d'autre. Hélas, c'était tout simplement impossible. Certes, il avait commis de nombreuses erreurs et fait de mauvais choix mais il refusait que sa meilleure amie avance sans lui. Il avait toujours cru que Kagura était la seule personne dépendante de leur relation. En réalité, il était aussi dépendant qu'elle, au point que même sa mort n'avait pas de sens sans elle. D'ailleurs, il comptait bien y remédier, et ce, très rapidement. Il se dirigea vers la salle de bains, prit le seul rouge à lèvres de Kagura – celui qu'il lui avait offert- et revint dans la chambre. Il marqua sur le miroir quelques mots rouges sang puis, il se coucha auprès de Kagura et l'entoura de ses bras. S'il avait pu pleurer, ses larmes auraient déjà coulé. Il avait beau tenir celle qu'il aimait dans ses bras, il ne ressentait plus sa chaleur.
Kagura se réveilla en sursaut, complètement gelée, comme si elle avait dormi entourée par de la glace. A peine levée, elle fut d'emblée mal à l'aise. Dès qu'elle se retourna vers son miroir, elle poussa un cri d'effroi et recula contre le mur. Elle se mit à suffoquer, à trembler. Elle tomba à genoux, ses jambes n'étant plus capables de la porter. Cette écriture ne pouvait pas la tromper. C'était lui qui avait écrit ces mots :
« Je t'attends »
La jeune femme était littéralement effrayée mais elle n'avait plus de doutes. Jun était dans cette chambre. Elle se releva précipitamment pour effacer avec sa manche ces mots de mauvais augure. Cependant, elle n'y arrivait pas car dès que les lettres disparaissaient, elles revenaient impitoyablement. Kagura finit par abandonner, lassée. Elle ne comprenait plus rien. Que voulait-il ? Que faisait-il ici malgré sa mort ? Devenait-elle folle ? Elle se mit à pleurer de désespoir. Elle n'y arriverait pas. Peu importe qu'elle ait perdu l'esprit ou que Jun soit vraiment revenu... Dans les deux cas, la souffrance était la même. Cependant, elle tenta de se reprendre pour se changer rapidement et fuir cet endroit. Une fois sortie, elle respira profondément pour se calmer. Elle n'avait pas le courage d'aller à la fac, par conséquent, elle erra dans les rues en n'ayant qu'un seul prénom en tête. Jun. Comment avait-il pu écrire ces mots horribles ? Tout en marchant, elle ne cessait de se questionner jusqu'à qu'elle fît le lien. Jun voulait sa mort, voilà pourquoi il n'avait pas réagi lorsqu'elle avait failli mourir. Kagura n'en revenait pas, cette révélation l'avait anéantie. Elle savait que Jun ne la laisserait pas tranquille et qu'elle ne pourrait pas résister longtemps. Son meilleur ami - ou plutôt l'homme qu'elle aimait - désirait sa mort et elle avait pris l'habitude de ne jamais rien lui refuser. Cependant, elle n'allait pas abandonner aussi facilement. Elle ne se tuerait pas sous prétexte que Jun était mort de manière stupide. Jamais elle n'aurait cru qu'ils en arriveraient là, rien que d'y penser elle en frissonna. Son appartement était hanté par Jun qui tentait de l'attirer dans son monde... Pourtant, Kagura n'avait pas mérité que sa réalité devienne aussi cauchemardesque. Elle n'avait même pas finit son deuil. Ayant marché presque toute la journée, la jeune fille décida de rentrer chez elle. A peine dans l’appartement, elle émit un cri de surprise. Tout l’appartement était couvert d’une étrange poussière foncée. Ce n’était pas du sable. Elle en prit dans sa main, elle connaissait cette poudre. Elle avait vu la même il y a mois, dans une boîte foncée, après l’incinération de Jun… Elle relâcha d’emblée les cendres du défunt paradoxalement présentes. Elle ne chercha même pas à comprendre, ni à repartir. Les cendres la menèrent vers sa chambre. Arrivée devant la porte, elle fut soudainement paralysée par la peur. Son intuition lui criait de ne pas entrer comme si cette action était irrévocable. Elle fut parcourue de frissons en pensant à ce qui l'attendait derrière cette porte. Une aura sombre se dégageait de cette pièce, effrayant Kagura au point de lui donner la nausée. Elle avait une impression de déjà-vu, cette angoisse ne lui était pas inconnue. Elle avait peur de mourir. Elle revivait son cauchemar mais cette fois-ci, elle était parfaitement réveillée. Elle comprit pourquoi elle craignait sa propre chambre : elle habitait la mort. Si elle entrait, elle n'y survivrait pas, une personne devenue malsaine l'attendait pour la tuer. Elle le savait, et pourtant, elle n'y croyait toujours pas. Son cerveau lui ordonnait de partir mais son corps ne lui répondait plus. Elle sentait qu'elle devait fuir à tout prix mais sa main s'apprêtait déjà à ouvrir la porte. Elle désirait le voir, être tout à fait sûre de sa présence. Elle était attirée par lui comme elle l'avait toujours été, comme les amants le sont. Tout en pénétrant dans sa chambre, elle essaya vainement de se raisonner encore une fois mais c'était trop tard. Son corps avait déjà perdu tout instinct de survie.
Elle poussa lentement la porte et entra. La pièce était noire, aucune lumière ne pouvait être aperçue. Kagura n'entendait que sa respiration et les battements affolés de son coeur. Elle s'avança davantage pour commettre l'erreur d'allumer la lumière. La pièce suintait une substance rouge qui dégoulinait le long des murs. Et si ce n'était que les murs... Des phrases catégoriques et froides avaient été écrites sur les meubles, le sol, le plafond et le miroir. Les « je t'attends », « reviens-moi », « rejoins-moi », « arrête de nous faire souffrir », « tu me manques » faisaient saigner la chambre de manière atroce. On pouvait presque sentir l'odeur du sang, de la mort. Terrorisée, Kagura n'avait même pas remarqué que la porte s'était refermée et verrouillée toute seule. La peur et l'incompréhension la submergeaient au point de ne plus avoir de pensées cohérentes. Devant elle, le miroir ensanglanté lui reflétait une personne qu'elle n'aurait cru ne jamais revoir. A travers les lettres rouges, Jun l'observait, impassible. Elle se retourna mais personne n'était derrière elle. Cependant, si on se fiait au miroir, le jeune homme posa sa main sur les épaules de sa meilleure amie. Cette fois-ci son corps réagit. Elle voulut s'enfuir mais la porte ne s'ouvrit pas. Elle se retourna une nouvelle fois et vit avec horreur que Jun était juste devant elle. Pâle, froid, mort mais pourtant devant elle prêt à l'entraîner avec lui. Elle s’acharna davantage contre la porte en y mettant toutes ses forces. La panique avait provoqué une poussée d’adrénaline. Elle parvient à sortir mais avant de s’enfuir hors de l’appartement, une odeur étrange et familière l’arrêta net. Une odeur salée, d’algues, d’air marin. Cela venait de la salle de bain. Elle s’approcha lentement, très lentement, oubliant ce qu’elle venait de voir. Une fois dans la pièce, elle se figea. L’odeur provenait de la baignoire qui contenait de l’eau de mer. On voyait même des algues, un peu de sable et un joli coquillage. Cela aurait pu être tout à fait charmant, si ce n’était le cadavre verdâtre de Jun abimé par les fonds sous-marins qui occupait le reste de la baignoire. La jeune femme ne sut quoi faire, il y a un instant il était dans sa chambre en tant que fantôme et maintenant il était là bien présent. C’était comme si elle ne pouvait lui échapper. Soudain, il ouvrit les yeux pour la fixer. Avec une lenteur atroce, il sortit une main de l’eau, puis la deuxième, pour se lever tant bien que mal. Kagura fut frappée d’une odeur putride qu’émanait le corps en décomposition de Jun. Certains lambeaux de chair étaient déjà retombés dans la baignoire. Ce n’était pas le Jun qu’elle connaissait, non, son meilleur ami n’était pas dans sa salle de bain tel un zombi alors qu’il devait être en cendres. Non, l’homme de sa vie n’était pas là en train d’essayer faiblement de tendre les bras vers elle sûrement pour l’étrangler. Pourtant, Kagura n’arrivait pas à détacher son regard du sien. Elle ne pouvait détourner les yeux face à la tristesse qu’affichait le visage de Jun. Il avait l’air si misérablement seul, tout comme elle. Plus les mains dangereuses s’approchaient de son cou, plus le regard du cadavre devenait accusateur. Il semblait lui dire que tout était de sa faute, qu’elle avait elle-même provoqué cette cérémonie macabre.
« Ne me regarde-pas comme ça ; murmura-t-elle ; c’est toi qui es parti, c’est toi qui a fait le con ! »
« C’est toi qui m’a abandonnée ; rajouta-t-elle en élevant la voix de plus en plus ; tu n’as pas le droit de me torturer comme ça alors que c’est moi qui souffres le plus. C’est moi qui dois affronter ton absence chaque jour. Tu me manques tellement que c’en est cruel. Je n’arrive même plus à trouver une raison pour me lever le matin ! »
Elle ne prononça plus un mot. Elle venait d’avouer elle-même que vivre était trop dur, qu’elle n’y arrivait plus. La jeune fille qui n’avait pas l’air plus vivant que le monstre en face d’elle sentait ses forces déserter son corps, elle tenait à peine sur ses jambes après cet accès de colère. Et lorsque les mains de Jun s’apprêtaient à l’atteindre, ce fut trop pour Kagura qui s'évanouit.
Juste avant de toucher le sol, elle crut entendre : « Ne t’inquiète pas, je te délivrerai de cette souffrance… »
Jun savait que son comportement était atroce mais il savait aussi que rien ne pourrait l’empêcher de continuer. Il aimait Kagura au point d’oublier qu’il devrait songer à ce qui la rendrait heureuse, il ne pensait qu’au bonheur qu’il pouvait partager à deux, ensemble. Or, cette expression n’existe plus si l’un des deux est mort… Et puis, ne l’avait-elle pas dit elle-même ? Elle était malheureuse. Certes, il participait à son désespoir mais c’était pour lui faire réaliser que le bonheur était encore accessible. C’était simple, si simple. Cependant, alors qu’il pouvait la tuer maintenant qu’elle était inconsciente, il ne put s’y résoudre. Cela n’avait pas de sens si elle ne le faisait pas elle-même. Et puis, la pousser à l’acte était une chose, agir lui-même en était une autre. Le cadavre ou le fantôme- il était difficile de le définir exactement- regarda Kagura avec attention. Plus elle perdait des forces, plus son emprise sur elle était puissante. Il revenait peu à peu dans sa vie alors qu’elle s’en détachait. Un sourire dérangé défigura davantage le visage de Jun : même si l’un des deux étaient morts, ils restaient complémentaires. En effet, le noyé n’aurait pu faire ça à n’importe qui. Il pouvait seulement atteindre Kagura et il n’était pas prêt de s’arrêter.
Toujours évanouie, celle qui jouait à cache-cache avec la mort revivait ses souvenirs partagés avec Jun : le jour où ils se sont rencontrés encore enfants, le jour où ils entrèrent au collège et dans le monde de l’adolescence, puis le jour où ils quittèrent le lycée, prêts à devenir adultes. La jeune femme n’arrivait pas à sortir de ces souvenirs qui lui faisaient ressentir davantage l’absence de Jun. Le fait qu’elle les revivait pleinement rajoutait plus de cruauté à sa souffrance. Elle se retrouva piégée dans un tourbillon de nostalgie malsaine dans lequel on ne voyait qu’une seule et même personne : Matsumoto Jun. Tous les moments importants de sa vie s’étaient passés en sa présence, il ne l’avait presque jamais laissée seule. Seule. Ce mot ne lui correspondait pas. Elle ne connaissait pas la solitude et ne pouvait vivre ainsi. Personne ne pourrait remplacer Jun. Sa place était trop essentielle, à tel point qu’elle avait effacée tout le reste : sa famille, ses autres amis et sa vie elle-même. Jun lui était simplement vital or il était mort. Qui la guiderait pour lui dire quel chemin parcourir ? Qui l’assisterait lors des autres moments importants de sa vie ou même lors des instants futiles ? Qui prendrait ses décisions ? Qui la soutiendrait, la défendrait ? Qui l’aide-
Personne.
Kagura ouvrit les yeux lentement. Elle avait enfin compris ce que son corps avait déjà acquis dès la mort de Jun. Elle devait mourir, lutter ne servait à rien. Les mots rouges ne s’étaient pas effacés mais ils ne lui inspiraient plus de crainte. Au contraire, elle s’en voulait presque de l’avoir fait autant attendre. Elle réalisa qu’elle était sur son lit sans qu’elle sache comment. Encoure un tour de Jun… Une odeur de putréfaction plus légère que la dernière fois lui fit tourner la tête vers sa droite. Son meilleur ami la regardait, avec un corps moins décomposé que la dernière fois. Il semblait attendre sa prochaine décision. Kagura n’était même pas choquée ou abasourdie. D’ailleurs, elle ne ressentait plus aucune émotion quelconque. La colère, la peur, la tristesse, tout s’était envolé. Seule une gêne aux poumons compliquant sa respiration se manifestait. Elle était déjà en train de partir… Elle contemplait toujours Jun en se disant qu’elle lui pardonnait tout, comme d’habitude. Après tout, qui aurait fait ça pour elle, qui serait capable de défier les limites de la mort pour venir la chercher ? Qui fer-
Personne.
L’esprit d’ordinaire troublé de la jeune fille devint clair. Ses pensées limpides la menèrent vers le même chemin sans retour. Elle se redressa péniblement, se leva avec la même difficulté. Elle sortit de sa chambre à pas lents mais décidés, ce qui n’était pas arrivé depuis un certain temps. Les cendres bougèrent d’elles-mêmes pour lui faciliter le passage. En poussant la porte de son appartement, la condamnée prononça ses dernières paroles : « J’arrive. »
C’était haut, trop haut. Personne ne survivrait à une chute pareille. Kagura observait depuis le toit de son immeuble le trottoir dénué de passants. Elle le rejoindrait bientôt. Elle monta sur le rebord sans aucune hésitation. Après la mort de Jun, elle n’avait plus rien à perdre. Soudain, il apparut devant elle, presque aussi beau qu’avant son accident. Plus elle s’avançait vers la mort, plus il était puissant. Il lui souriait, soulagé qu’elle le rejoigne enfin. Il tendit les bras vers elle pour l’inciter à sauter vers lui, vers sa fin. Il l’accompagnerait durant sa chute. Kagura prit une profonde inspiration, elle ne comptait pas réfléchir plus longtemps. Voir Jun en face d’elle lui suffisait amplement. Elle se laissa alors tomber dans ses bras, dans les bras de la mort.
Le soleil se promettait éclatant, pas un seul nuage ne gâcherait cette magnifique journée. Les pétales de cerisiers étaient toujours aussi beaux. La température était douce, l'atmosphère agréable, l'air pur. Cette journée de printemps serait inoubliable. Non, on n’oublierait pas le jour où Kagura est morte. On n’oublierait pas ce sang qui coulait impitoyablement. On n’oublierait pas ce corps affreusement désarticulé. Et surtout, on n’oublierait pas ce si beau sourire.
Un peu plus tard, lorsque les policiers arrivèrent dans l’appartement de la suicidée, ils ne trouvèrent rien d’anormal. Le sol était propre, le miroir de la salle de bain impeccable, les murs de sa chambre blancs, le rouge à lèvres à sa place. Il y régnait même une atmosphère paisible, comme si tout était rentré dans la norme : ceux qui s’étaient perdus s’étaient retrouvés.
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