Une vie en suspend : maboroshi

-"Otsukaresama deshita minna-san. On en a finit pour aujourd'hui, vous pouvez rentrer chez vous."
-"Yosh!"
-"Ah~ enfin terminé. Dès que je rentre chez moi je vais me coucher."
-"Heureusement qu'on est en congé demain."
-"Hai. On va pouvoir se reposer un peu avant de réattaquer avec les répétitions du concert."
-"Bon, moi j'y vais. À jeudi les gars."
-"Ja ne Sho-chan."
-"Fait attention sur la route, il y a pas mal de brouillard ce soir."
-"T'inquiètes pas Riida je serais prudent. Ja~"

Il quitta la pièce, puis le bâtiment et arriva au parking. Se glissant dans sa voiture en soupirant, il se dit qu'une bonne nuit de sommeil ne lui ferait pas de mal. C'est en pensant à la chaleur de son lit qu'il démarra, le sourire aux lèvres. Il n'habitait pas très loin du centre ville, c'était plus pratique pour le boulôt. Pourtant, ce soir là, il n'atteignit jamais son appartement.


-"Je lui avait dit d'être prudent. Pourquoi c'est arrivé?"
-"Ce n'est pas de ta faute Oh-chan."
-"Il a l'air si paisible."

C'était Aiba qui venait de murmurer doucement ces quelques mots, en replaçant une mèche de cheveux de Sho derrière son oreille. Le jeune homme pleurait et était au chevet de son ami de même que le reste du groupe. Ohno était assis dans le canapé présent dans la petite chambre en compagnie de Nino et Jun était assis sur une chaise, de l'autre côté du lit. Ils fixaient tous la persone endormie dans celui-ci.

-"Réveille-toi Sho-chan. S'il te plait."

Aiba avait prit la main de son ami dans les siennes et fut surpris de constater à quel point elle était froide.

-"Tu ne peux pas nous laisser. Ouvre les yeux, je t'en pris. Bas-toi Sho-chan."


Ce soir là, Sakurai Sho avait été victime d'un accident de voiture alors qu'il rentrait chez lui. Comme le médecin l'avait expliqué, il s'en était sorti mais avait d'importantes blessures. Il avait subit un violent traumatisme cranien et de sérieux domages internes. Il ne cacha pas aux membres restant que le coeur de leur ami avait cessé de battre un instant durant l'opération tout comme le fait qu'ils avaient réussi à le stabiliser. Cependant, le résultat était bien visible devant leurs yeux remplis de larmes. Sakurai Sho ne se réveillait pas. Et pour cause, il était dans le coma.

"You are my soul! Soul!
Itsumo sugu soba ni aru
Yuzurenai yo daremo jama dekinai
Karadajuu ni kaze wo atsumete makiokose
A-ra-shi a-ra-shi for dream"

D'un geste lent, elle tendit la main, se saisit de son portable et stoppa la sonnerie qui lui servait de réveil. Ce refrain qu'elle connaissait par coeur depuis un certain nombre d'années déja, la mettait toujours de bonne humeur pour commencer la journée. La jeune fille se leva en s'étirant avant d'attraper quelques affaires qui dépassaient de son armoire et de partir s'enfermer dans la salle de bain. Elle en sortie quelques minutes plus tard, habillée, coiffée et maquillée. Elle descendi à la cuisine en faisant bien attention de ne rien oublier dans sa chambre, et y retrouva sa mère.

-"Bonjour maman."
-"Bonjour ma chérie. Bien dormi?"
-"Comme d'hab'. J'y vais, à ce soir!"
-"Attend, tu n'a rien mangé."

Mais la mère n'eu pas le temps de terminer sa phrase que sa fille était déja partie en claquant la porte. Elle arriva au lycée à peine 10 minutes plus tard et alla se poser devant sa classe en attendant que ça sonne. Ici, elle n'avait pas vraiment d'amis. En tout cas, pas d'amis qui la comprenaient. Ils étaient tous là, formant des petits groupes, à parler de choses sans intérêt à ses yeux. Elle préférait rester seule et les autres le lui rendaient bien. La sonnerie indiquant le début des cours rettenti et elle pénétra dans sa classe en compagnie de ses camarades. Elle posa son sac sur sa table et se laissa tomber sur sa chaise alors que la prof d'Histoire entrait dans la pièce. Le brouhaha généré par tout les élèves s'atténua peu à peu et le cours commença.

-"Aujourd'hui, nous allons commencer un nouveau chapitre. Ouvrez vos livres page 215, lisez les documents et répondez aux questions de la page de droite. Je vous laisse un quart d'heure."

Alors que tout le monde s'activait, quelque chose attira son attention. Elle stoppa ses mouvements et releva vivement la tête en fronçant les sourcils.

-"Qu'est-ce qu'il se passe?"
-"J'ai cru...non, rien."

Elle sortie ses affaires et commença à lire les documents de la page indiquée tout en jetant de temps en temps des regards devant elle. Elle croyait avoir vu une silouhette qu'elle connaissait bien juste à côté de la porte. Alors qu'elle soupirait en se disant qu'à trop regarder d'émission d'Arashi elle en venait à les voir partout, elle se figea de nouveau. Il était bien là, à côté de sa prof, regardant d'un drôle d'air autour de lui tout en se grattant l'arrière de la tête. Elle n'en croyait pas ses yeux. La bouche grande ouverte sous la surprise, elle avait le regard fixé sur l'apparition.

-"Masaka."
-"Hum...Qu'est-ce que t'as dit?"
-"Regarde derrière la prof. Tu le vois?"

Sa voisine se redressa et fronça les sourils derrière ses lunettes en scruttant se qu'il se passait devant elle.

-"Je suis censsée voir quoi?"
-"Un jeune homme à côté de la prof. Tu le vois pas?"
-"Qu'est-ce que tu racontes encore comme conneries Lucie?! Franchement, t'as un sérieux problème si tu commence à avoir des allucinations."
-"Mais j'allucine pas. Il est juste là, devant toi. C'est toi la bigleuse, pas moi."
-"Non mais comment tu me parles. C'est à toi qu'il faut des lunettes. Il n'y a aucun "jeune homme" à côté de la prof, prend pas tes rêves pour la réalité."

Amandine, c'est comme ça que s'appellait sa voisine de table, retourna à son travail en marmonant que tout le monde était dingue dans ce lycée tandis que Lucie baissait les yeux. Elle ne rêvait pas, il était là, elle l'avait vu. Et comme pour se le prouver, elle releva la tête. Il était toujours là mais à présent son regard était fixé sur elle. Ne pouvant s'en empécher, elle senti le rouge lui monter aux joues. Il s'agissait quand même de Sakurai Sho, un chanteur qu'elle appréciait tout particulièrement. Doucement, il se rapprocha d'elle tandis que la prof faisait demi tour et allait lui rentrer dedans. Elle retint son souffle attendant le choc imminant mais rien ne vint. Mme Valéry lui était simplement passée au travers. Lucie n'en croyait pas ses yeux. Qu'est-ce qu'il était au juste? Et pourquoi semblait-elle être la seule capable de le voir?

-"Masaka."
-"Tu l'as déja dit. Mais c'est vrai que ce mot résume assez bien la situation."

Il venait juste de lui parler et cela la surpris tellement qu'elle en sursauta. Amandine lui jeta un regard curieux mais retourna rapidement à ses questions décidant, sans doute, qu'elle n'en vallait pas la peine. Lucie, quand à elle, se tourna de nouveau vers le jeune homme, respira un bon coup et lui adressa enfin la parole, en prenant bien soin que sa voisine ne l'entende pas.

-"T'es...réel?"
-"Je crois qu'on peut dire ça même si la situation est un peu plus compliquée."
-"Qu'est-ce que tu es? Je veux dire...je sais QUI tu es mais...la prof, elle t'a...traversé."
-"Je veux bien t'expliquer mais je ne pense pas que ça soit le bon moment, et surtout le bon endroit."
-"D'accord mais, je comprend rien là. Je rêve pas, je suis bien dans ma salle de classe en train de parler à Sakurai Sho, une de mes idoles. Le même que dans Arashi. Sauf qu'il me semble que je sois la seule à pourvoir le voir. C'est ça, je suis en train de rêver."
-"Il faut que tu m'aide."
-"Et en plus il veux que je l'aide. N'empèche, c'est sans doute le rêve le plus bizarre que j'ai fait."

Il l'a regarda débattre avec elle-même pendant le reste du cour avant que la sonnerie ne la tire de ses réflexions. Lui jetant un coup d'oeil alors qu'elle rangeait ses affaires dans son sac et s'en saisissait pour se rendre à son prochain cours, elle vit qu'il l'observait en souriant. Elle se mit à rougir et répondit d'une petite voix hésitante.

-"Qu'est-ce...qu'il y a de drôle?"
-"Rien. Je suis juste content d'avoir trouvé quelqu'un capable de me voir."
-"Ok. Peut-être que...je te vois mais je trouve toujours ça impossible. Il y a...des tas de lois physique qui existent et qu'on ne peux pas changer. Bref, c'est pas possible, c'est tout."
-"Pourquoi tu me parles alors?"
-"Parce que t'es quand même là malgré ces lois. Et puis,...je raterais pour rien au monde une discussion avec toi. Aussi étrange soit-elle."

Alors qu'elle s'asseyait dans une autre salle, tout au fond et seule à sa table, Sho la suivit. Elle lui indiqua que ce cours-ci serait plus simple pour parler. En effet, le cour d'Espagnol se faisait dans un tel boucan que Sho se demandait comment la prof faisait pour ne pas craquer. Aucune personnes semblaient suivre ce qu'elle disait pourtant elle continuait de déblatérer son cours comme si le silence régnait. Il s'installa à côté de la jeune fille et se tourna vers elle. Lucie avait le regard fixé sur Sho et le détaillait de la tête au pied. Il était d'une paleur à faire peur, limite transparent, et pouvait traverser les objets solides. C'était comme ça que l'on décrivait habituellement les...

-"Fantômes....Tu es un fantôme?! Alors, ça veux dire que tu...tu es..."
-"Je ne suis pas mort."

Il s'était empressé de répondre en voyant la tristesse et la douleur prendre place sur le visage de l'adolescente. Non, il n'était pas mort. Cependant, il ne semblait pas en être loin.

-"Mais alors, pourquoi tu es...comme ça?"
-"Je ne sais pas. En ce moment, mon corps se trouve à Tokyo, à l'hôpital."
-"Qu'est-ce qu'il c'est passé?"
-"Pour être honnête avec toi, je ne m'en souviens plus. Mais je suis resté quelques temps aux côtés de mon corps avant d'aller chercher de l'aide. J'ai vu...les autres membres d'Arashi. Ils étaient tous là, près de moi. J'ai entendu le médecin leur parler. Il a dit que j'avais eu un accident de voiture en rentrant chez moi. Apparament, c'était assez grave."
-"Pour que tu te retrouve dans cet état, je veux bien te croire. Tu....tu sais quelque chose d'autre?"
-"J'ai fait un arrêt cardiaque pendant l'opération."
-"EHHHH?!"

Elle ne c'était même pas rendue compte qu'elle venait de crier et que toutes les têtes c'étaient tournées vers elle. De toute façon, elle ne les regardait pas. La seule chose qui avait droit à son entière attention était la pâle silouhette présente à ses côtés. Il était mort alors, pendant un cours instant certes, mais il était quand même mort.

-"Ça pourait être un début d'explication."

Comme coupée du monde, elle eu simplement le temps de murmurer cette phrase que la prof se chargea de la faire redescendre sur terre.

-"Quelque chose d'interressant à nous faire partager Mlle Trillet?"
-"Hein? Euh...non madame."
-"Alors pouriez vous m'expliquer la raison de votre cris?"
-"Oui. J'ai...euh...j'ai vu une guêpe et..."
-"Dit lui que t'es allergique."
-"...et je suis allergique."
-"Bon, ça passe pour cette fois. Mais à l'avenir, évitez de faire profiter vos humeurs à toute la classe."
-"Oui madame."

Lucie baissa la tête en sentant les regards moqueur de ses camarades sur elle. Elle qui était si discrète d'habitude venait de se donner en spectacle.

-"C'est bien ma veine."

Sans plus rien dire, et le rouge aux joues d'être le centre d'attention, elle se replongea dans le cours. Sho comprit et ne lui adressa de nouveau la parole que lorsque la sonnerie rettentie. La suivant, il se rendit compte que c'était l'heure de la récréation. Tout les élèves se précipitaient dans la cour ou restaient dans les couloirs. Lucie, quand à elle, alla s'assoir dans un couloir qui lui semblait désert et lui expliqua tout en sortant son MP3.

-"Je viens toujours ici pendant les récrés. Il n'y a jamais personne qui passe dans ce couloir alors je suis tranquile. J'aime bien être seule et pouvoir écouter ma musique sans qu'on vienne me déranger."
-"Je suis désolé pour tout à l'heure."
-"C'est rien. J'aurais du mieux me contrôler."

Il l'a regarda déplier ses écouteurs et les placer dans ses oreilles. Elle était assise sur le sol, dos au mur, et il fit de même en se plaçant à côté. Lucie semblait être partie dans un autre monde, chantonnant en même temps que la chanson défilait.

-"T'écoutes quoi?"
-"Devine."

Elle lui avait lancé ce mot avec un petit sourire espiègle qu'il lui rendit en essayant de se rapprocher pour entendre la mélodie qui s'échappait des petits bout de plastique. Malheureusement, il se redressa avec une moue dépitée.

-"J'entend rien. Fait voir."

Il approcha sa main dans le but de prendre un écouteur mais cette dernière passa au travers la tête de la jeune fille qui se crispa à ce contact. Il retira rapidement sa main et baissa les yeux sur celle-ci.

-"Je suis désolé. J'avais...oublié."
-"C'est...c'est rien. C'est juste que, ça surprend. Pourtant, la prof a pas l'air d'avoir senti quelque chose tout à l'heure."
-"C'est surement parce que tu peux me voir que pour toi c'est différent."
-"Peut-être..."

Le silence reprit ses droits et Sho ne tenta plus quoi que ce soit pour savoir ce que sa voisine écoutait. Cependant, elle lui jeta un coup d'oeil discret, un sourire de nouveau présent sur ses lèvres.

-"Tu laisses tomber. Je suis sûre que tu connais pourtant."

Alors que Sho lui glissait un regard intérogateur, elle retira ses écouteurs et monta le son à fond. La chanson se fit donc entendre dans tout le couloir. Il ne fallut pas longtemps à son compagon pour la reconnaitre et se mettre à la fredonner en même temps que la jeune fille.

-"Subarashiki Sekai."
-"J'aime beaucoup cette chanson. De toutes celles que vous avez faites, c'est une de mes préférées."
-"Tu nous connais depuis longtemps?"
-"Un certain temps oui. Au début...je vous connaissais seulement de nom et puis j'ai eu envie d'écouter. Pour voir ce que ça donnait."
-"Et finalement tu as aimé?!"
-"C'est une question ou une affirmation? Parce que si c'est une question, elle est vraiment stupide. Si j'avais pas aimé, j'aurais pas dit que tu étais l'une de mes idoles. Tiens, ça sonne. Tu viens ou pas?"

La jeune fille se leva sans attendre de réponse et quitta le petit couloir. Quelques pas plus tard, elle senti un courant d'air frait sur son côté gauche, signe que Sho l'avait rejoint. Ils passèrent le reste de la journée ensemble. Pendant les cours ce jour-là, il n'était pas rare de voir ou d'entendre des choses bizarres venant de Lucie. À vrai dire, elle avait passé le plus clair de son temps à discuter avec son voisin plutôt que de suivre ce que disaient les profs. Bien entendu, personne n'étant capable de voir son compagnon et n'étant pas forcément des plus discrète, elle se fit rapidement remarquer. Surtout lorsque Sho décida d'utiliser son état pour s'amuser. Mine de rien, des fois il pouvait être en étroite compétition avec Aiba niveau conneries. Il se déplaçait dans la salle, passant à travers les camarades de classe de la jeune fille, ce qui la faisait immencablement frissonner, ou faisait des pitreries directement sous le nez du prof. Malgré quelques incidents et remarques, ce fut l'une des meilleures journées qu'elle ait passée depuis bien longtemps. La présence de Sho ayant rompu sa routine de manière assez radicale.

Assise en tailleur sur son lit, elle se préparait à écouter les explications de Sho. Après la journée qu'elle venait de passer, il lui devait bien ça. Elle avait déja essayé de trouver une logique et une explication rationnelle à ce qui se passait mais avait finit par abandonner en sentant venir le mal de tête. On le lui disait souvent, elle avait un esprit trop terre-à-terre mais elle trouvait ça rassurant de pouvoir tout expliquer. Malheureusement, il y avait toujours des choses qui échappaient au bon sens humain. Des choses qui gardaient une part de mystère, de magie. Comme dans ce cas-ci par exemple.

-"Allez. Explique-moi tout. Je voudrais pouvoir comprendre."
-"Je ne comprends déja pas tout moi-même."
-"Justement. À deux on y arrivera surement."
-"D'accord."

Le jeune homme s'assis contre le mur de la chambre, en face de Lucie, et réfléchit un moment avant de commencer.

-"Je te préviens tout de suite, je ne me souviens pas de tout ce qui est arrivé mais je vais faire de mon mieux. C'était il y a trois ou quatre jours, mardi, on venait de terminer le tournage d'un clip et on devait enchainer sur les répétitions du prochain concert. J'avais dit au revoir au groupe et étais allé au parking pour récupérer ma voiture. J'avais hate de rentrer pour pouvoir me reposer. Il y avait du brouillard cette nuit-là, Riida m'avait même dit d'être prudent. Mais je crois que je ne l'ais pas assez été. Je ne me souviens de plus rien à partir de la, à part quelques flashs par ci, par là. Je me suis "réveillé" à l'hôpital. Tout le monde était présent mais j'ai vite remarqué que quelque chose clochait quand j'ai constaté qu'ils ne me voyaient pas. Pire, quand j'ai voulu me lever, mon corp est resté allongé dans le lit. Je te raconte pas la frousse que j'ai eu. Je commençais à paniquer quand le médecin est entré et leur a tout expliqué. L'accident, les blessures, l’arrêt cardiaque pendant l'opération et puis le fait que je sois actuellement dans le coma."
-"Le coma?!"
-"Oui. Apparemment, mon état est très grave mais le médecin a dit que je pouvais m'en sortir si je me battais. Je les revois encore...leurs visages...quand il le leur a annoncé. La tristesse était tellement présente en eux qu'ils ne parvenaient pas à arrêter leur larmes. Ohno s'en veux énormément mais ce n'est pas de sa faute. Il répète sans arrêt qu'il m'avait dit d'être prudent, de faire attention mais ça ne sert à rien de penser à ça. C'est arrivé, on n'y peux rien. Même Nino ne peux pas le convaincre qu'il n'est pas responsable pourtant il le lui répète sans arrêt. Jun, je ne l'avais jamais vu comme ça. Il fait tout pour rester fort mais je l'ai vu le soir dans sa chambre. Ce n'est pas la personne insensible que beaucoup de gens décrivent. Et puis, Aiba....il est complètement effondré."

Sa voix se brisa sur la dernière phrase. Il souffrait d'avoir vu ses amis dans cet état à cause de lui, même s'il n'y était pour rien. Il voudrait tellement se réveiller pour les rassurer mais malheureusement cela lui était impossible. Malheureusement, il était piégé dans ce semblant de corps qui ne lui permettait pas de faire quoi que ce soit. En observant attentivement, Lucie aperçu de fines larmes translucides couler sur les joues pâles du chanteur. Elle avait bien ressenti la peine qui le rongeait à travers les paroles qu'il avait prononcé. À tel point que sur ses joues à elle aussi on pouvait apercevoir des sillons humides.

Après ce qui leur sembla être une éternité, Sho releva la tête en essuyant les dernières traces de larmes présentes sur son visage.

-"Il faut que tu m'aide Lu-chan. Tu es la seule qui soit capable de me voir. Tu es mon unique lien avec le monde réel. J'ai besoin de toi."

La jeune fille resta un instant silencieuse puis releva lentement la tête. Elle avait décidé de laisser ses convictions de côté, pour une fois. Sho eu la surprise de voir un sourire illuminer ses traits.

-"Bien sur que je vais t'aider, je vais pas te laisser comme ça."
-"Arigato."
-"Tu me remercieras quand tu sera tiré d'affaire. Alors, on commence par quoi?"
-"On devrait d'abord se renseigner en ce qui concerne le coma."

La jeune fille acquiesça et ils se relevèrent pour se placer derrière son ordinateur. Les heures de recherches s’enchaînèrent rapidement mais ils ne trouvèrent rien d'interressant. Ce fut seulement lorsque Lucie se mit à bailler que Sho se redressa.

-"Tu ferais mieux d'aller te coucher. Tu es crevée et ça se voit."
-"Sympa, merci. Mais comment on va faire pour trouver une solution si on arrête maintenant?"
-"On n'arrête pas, on fait une pause. Et puis, c'est pas en une soirée qu'on réglera le problème."
-"D'accord. Mais demain je m'y remets. En plus, j'ai pas cours alors j'irais faire un tour à la bibliothèque."
-"Bonne idée. Pendant que tu dors, je vais aller voir comment vont les gars. J'essayerais de me renseigner sur l'accident aussi."
-"Passe voir si ton état s'améliore."
-"Je pense que je l'aurais senti s'il y avait eu du changement mais j'irais quand même."

Alors que la jeune fille éteignait son ordinateur et se préparait à aller se coucher, elle hésitait à lui demander quelque chose. Sho le remarqua mais ne dit rien. Il attendait qu'elle se décide.

-"Sho..."
-"Oui."
-"Pourquoi moi? Il y a des tas de gens qui pourraient beaucoup mieux t'aider. Je suis juste une petite lycéenne qui ne connait pas grand chose. Comment je saurais résoudre ton problème?"

Elle le regardait avec les yeux brillant. Elle pensait vraiment qu'il avait la réponse à sa question. Malheureusement, il était tout aussi ignorant qu'elle. Mais malgré ça, il réussit à lui fournir une explication.

-"Je suis persuadé qu'il y a une bonne raison pour que ça soit toi et personne d'autre. Au début, j'ai vraiment tout essayé pour que le groupe remarque ma présence mais j'ai vite compris que je n'arriverais à rien en agissant de cette manière. Alors j'ai cherché. De toute mes forces, j'ai pensé à quelqu'un à qui je pourrais tout raconter. Je le pensais tellement fort que j'ai commencé à voir l'endroit ou je me trouvais devenir flou. Les couleurs se sont toutes mélangées pour ensuite former un lieu que je ne connaissais pas. C'est comme ça que je me suis retrouvé dans ta classe. J'ai pas tout de suite compris en quoi ça allait m'aider mais c'est là que j'ai vu que tu n'avais pas le même air indifférent que les autres. Tu semblais même plus....lumineuse."
-"Lumineuse?! Comment ça?"
-"Je sais pas pourquoi mais ton aura est différente des autres. Dans cette salle, c'est toi que j'ai remarqué en premier. J'ai su que c'était toi que je cherchais. Et puis, quand je t'ai vu parler à ta voisine de table en désignant l'endroit ou j'étais mais qu'elle n'avait pas l'air d'y voir grand chose...."
-"T'as compris que je te voyais."
-"Oui. Donc je me suis approché et je t'ai entendu murmurer."
-"Masaka."
-"Tu le penses encore?"
-"Ma tête n'arrête pas de me dire que c'est impossible mais j'ai décidé de l'ignorer. Pour cette fois, je crois ce que je vois. Tu es là, je te parles, tu me parles alors ça me suffit. Et puis, je te fais confiance. Si tu me dis que je suis capable de t'aider c'est que tu dois avoir raison."

Elle lui fit un mince sourire puis lui tourna le dos en se saisissant de son pyjama. Il comprit qu'il était temps qu'il la laisse, c'est pourquoi il reprit la parole.

-"Je vais y aller. Repose-toi bien. On se retrouve demain."
-"Ok. Bonne nuit Sho."
-"Bonne nuit Lu-chan."

Et c'est dans un scintillement qu'il disparu.

-"Yosh! Voyons voir ces livres."

Lucie venait de s'installer à une table reculée de la bibliothèque, déposant divers bouquins devant elle. Après avoir fouillé quelques instants dans les rayons, elle était revenue avec un certain nombre d'ouvrages. Posant le premier devant elle, elle débuta ces recherches. Au fur et à mesure des informations trouvées, elle notait les plus interressantes dans un cahier prévu à cet effet. La journée passa ainsi sans qu'elle ne se décide à bouger. Ce fut seulement lorsque son ventre se mit à grogner qu'elle réalisa le temps qu'elle avait passé à effectuer ses recherches. C'est donc à contre coeur mais ayant récolté un certain nombre d'informations qu'elle commença à rentrer chez elle. Le sac plein à craqué des livres qu'elle avait emprunté, elle songeait à ce que pouvait faire Sho en ce moment même. Elle ne l'avait pas revu depuis la veille au soir et se demandait comment il s'en sortait.

-"J'espère que sa journée aura été aussi fructueuse que la mienne."


La chambre de Lucie disparue dans un mélange de couleurs et Sho se retrouva dans ce qui semblait être l'appartement de Ohno, face à ses quatre amis. Ils étaient tous assis au salon et arboraient les même mines tristes qu'il leur avait vu à l'hôpital. Ils ne parlaient pas, se contentant seulement d'un regard échangé ou d'un mince sourire d'encouragement de temps à autre. Sho ne pu s’empêcher de constater à quel point ils semblaient fatigués. Nino, par exemple, avait le visage un peu pâle et de grandes cernes violettes sous les yeux. Et les autres n'étaient pas mieux. Il soupira en se disant que si l'un d'eux avait été à sa place il serait sans doute dans le même état et se rapprocha un peu. Il resta un moment debout à les observer avant que Jun prenne la parole.

-"Vous croyez que c'est vrai?"
-"Nani?"
-"Ce que nous a dit ce flic....vous croyez que c'est vraiment ce qu'il c'est passé?"
-"Pourquoi on en douterait?"
-"Je sais pas..."
-"Qu'est-ce qu'il y a Jun?"
-"On a bien vu que quelque chose te tracassait depuis que Kanata-san nous a parlé."
-"Il y a quelque chose qui cloche dans cet accident."
-"Eh?"
-"Qu'est-ce que tu veux dire?"
-"Sho est trop prudent pour avoir commis une erreur aussi stupide. Il doit forcément avoir une raison pour qu'il ait agit comme ça."
-"Et ça serait quoi cette "raison"?"
-"J'en ais aucune idée."
-"La seule personne qui pourrait confirmer ton hypothèse est actuellement dans le coma et on ne sait même pas s'il va s'en sortir. Comment tu peux te soucier du pourquoi et du comment est arrivé l'accident alors que ton ami est dans cet état? C'est arrivé et c'est tout. On n'y peux rien et savoir si c'est de la faute de Sho ou pas ne nous le ramènera pas plus vite. Alors arrête avec tes suppositions Jun. Arrête..."
-"Aiba..."
-"Tais-toi."

Ils étaient tous stupéfait de la réaction d'Aiba. Lui qui n'élevait jamais la voix, qui faisait toujours attention à ce qu'il disait aux autres. Mais le jeune homme était apparemment arrivé à ses limites. Les larmes coulaient abondamment sur son visage d'habitude si souriant et la colère mélée à la tristesse déformaient ses traits. Il était méconnaissable. À cet instant, il n'avait plus rien du Aibaka que tout le monde aimait.

-"Aiba, calme-toi."
-"Ne me dit pas ce que je dois faire. Ça va faire quatre jours que Sho a eu cet accident. Quatre jours qu'il est dans le coma, à se battre pour vivre. Et vous, tout ce que vous trouvez à faire c'est de chercher à savoir si oui ou non, il est en tord dans l'histoire. Si oui ou non, il a commis la faute qui l'a emmené dans ce lit d'hôpital. Qu'est-ce que ça nous apportera de le savoir? Est-ce que ça changera quelque chose?"
-"Aiba..."
-"Je ne veux pas savoir. La seule chose que je veux, c'est qu'on me rende mon meilleur ami. Je veux..."

Il c'était soudainement arrêté de parler en sentant une douleur sourde lui transpercer la poitrine. Il plaqua une main contre son coeur en essayant de se calmer. Voilà ce qui arrivait quand il s'énervait.

-"Aiba!"
-"Qu'est-ce qu'il se passe?"
-"C'est rien. J'ai dû un peu trop m'énerver, c'est tout."
-"Comment tu te sens?"
-"Je vais prendre l'air."

Il se leva sous l'oeil inquiet de ses amis et se dirigea vers le couloir. Quand il passa à côté de Sho, celui-ci posa doucement sa main sur son épaule. Soudainement, Aiba se stoppa. Il tourna doucement la tête vers son ami bien qu'il ne puisse pas le voir et leva lentement sa main pour venir la déposer sur la sienne.

-"Sho..."
-"Qu'est-ce qu'il y a?"
-"...Rien."

Et il s'empressa de quitter l'appartement. Le temps de quelques secondes, il avait cru sentir son ami près de lui. Sa main sur son épaule. À cette pensée, la main du jeune homme s'y reposa. Il avait toujours dit qu'il était sensible aux esprits. Or, son ami n'était pas mort. Pourtant, il l'avait senti, il en était sûr. Sho était avec eux tout à l'heure.

-"Accroche-toi Sho-chan. Tu vas t'en sortir."

Ces paroles lui firent remonter en mémoire la dispute qu'il venait d'avoir avec ses amis. Enfin, ce n'en était pas vraiment une. C'était seulement lui qui avait crié. D'ailleur ça ne lui ressemblait pas de réagir comme ça, mais il n'avait pas réussit à se contrôler. Les évènements des derniers jours avaient eu raisons de son sang froid.

-"Gomen ne minna. Ça n'arrivera plus, promis."

Il essuya les quelques larmes qui coulaient encore sur ses joues et parti en direction de l'hôpital. Il avait vraiment besoin de voir son ami.


Chez Ohno, personne n'avait fait le moindre mouvement depuis le départ d'Aiba. Sho n'avait pas suivit son ami malgré son inquiètude, bien trop intrigué par ce qu'il venait de se passer. Quand il avait posé sa main sur son épaule, Aiba l'avait senti. Il en était persuadé et en avait eu la confirmation quand il avait murmuré son nom. Peut-être qu'il ne le voyait pas mais il ressentait sa présence. C'était un début.

-"Qu'est-ce qu'il lui a prit?"

La question de Nino resta en suspend, chacun repensant à la réaction d'Aiba. Ils n'avaient jamais vu le jeune homme dans cet état et espéraient ne jamais plus le revoir comme ça. Malgré le fait qu'il comprenait la réaction de son ami, Sho voulait que Jun aborde de nouveau le sujet de l'accident. Il voulait absolument savoir ce que son ami trouvait de si louche.

-"Qu'est-ce que j'ai bien pu faire? Qu'est-ce que ce Kanata-san leur a raconté?"

Au bout de quelques minutes, le souhait de Sho se réalisa et Jun reprit la parole.

-"Même si Aiba dit qu'il ne veux pas savoir, je continuerais de chercher. Il y a quelque chose d'étrange dans cet accident et je trouverais ce que c'est. Sho n'aurait jamais grillé tout ces feux rouges et aussi mal respecté le code de la route s'il n'y avait pas une bonne raison. Avec ou sans vous, je trouverais de quoi il s'agit. Qu'est-ce que vous décidez?"
-"Je te suis. Et toi Oh-chan?"
-"Je veux savoir la vérité. Je vous aiderais."

Sho eu un sourire, ses amis ne le laissaient pas tomber. Cependant, il restait encore beaucoup trop de zones d'ombre dans cette histoire. Lui seul pouvait les aider à y voir plus clair. Si seulement il pouvait se souvenir de quelque chose, si seulement il pouvait leur parler. Soudain, Sho sembla prendre conscience de quelque chose.

-"Il y a un moyen."

-"A TABLE !!!!"
-"J'arrive, j'arrive."

Lucie laissa en plan ce qu'elle était en train de faire et se précipita dans le couloir pour ensuite dévaler les escalier à une vitesse folle, manquant de s’étaler par terre. Arrivée en bas, elle se stoppa un instant avant de se diriger, plus lentement, vers la salle à manger. Là, elle se laissa tomber à sa place habituelle, en face de sa mère, et attendit que cette dernière s'installe pour pouvoir commencer à manger. Le repas se déroula dans un silence assez pesant avant que Lucie ne se décide à prendre la parole.

-"Maman?!"
-"Oui chérie."
-"Je peux te poser une question?"
-"Je t'écoute."
-"Est-ce que...tu crois aux esprits?"

Le bruit des couverts rencontrant violemment l'assiette fit sursauter la jeune fille. Le visage de sa mère était soudain devenu livide et elle la fixait intensément. Lucie se surpris à avoir peur de la femme qui se tenait devant elle et n'osait plus faire un seul mouvement, respirant à peine.

-"Pourquoi tu veux savoir ça?"

Froid. Sec. Le ton employé laissait bien entendre qu'elle souhaitait une réponse. Il n'y avait plus aucune trace de la mère souriante et attentionnée encore présente il y a quelques instants.

-"Je...."

Lucie ne savait pas quoi dire. Elle était comme paralysée sur sa chaise, incapable de faire ou dire quoi que ce soit. Les questions se bousculaient dans sa tête mais aucune ne passaient la barrière de ses lèvres.

-"Répond-moi Lucie. Pourquoi tu veux savoir ça?"

Sa voix s'était quelque peu adoucie mais elle n'obtint pas plus de réponse. Elle soupira longuement et planta son regard dans celui de sa fille. Toute trace de colère semblait l'avoir quitté mais on pouvait y voir autre chose. Un mélange de tristesse et...de peur.

-"Je savais que cette question viendrait tôt ou tard. J'aurais aimé qu'elle ne vienne jamais."
-"Que...."
-"J'ai espéré mais apparemment ça n'a servit à rien. Tu es comme lui."
-"Qu'est-ce que....ça veux dire?"
-"Tu les vois n'est-ce pas?!"

Ce n'était pas vraiment une question, plutôt une affirmation. Sa mère savait ce qu'elle était capable de faire. Elle savait ce qu'elle était en train de vivre. Alors, ce n'était pas un simple cas isolé? Elle qui avait décidé de croire Sho, devrait se mettre à croire d'autres personnes? Elle devra aussi les aider? Non, c'était impossible.

-"Tu voix les esprits ma chérie. C'est pour ça que tu m'as posé cette question?"
-"Oui, mais....c'est pas possible. Parce que, les esprits....ça n'existe pas vraiment. Hein?"

Sa mère lui souris doucement mais aucune joie s'y lisait, c'était plus un sourire d'excuse.

-"J'ai toujours fait en sorte que tu ne crois pas à tout ça. Le surnaturel, les fantômes, les esprits....J'ai fait de mon mieux pour t'en éloigner. Je voulais tellement te protéger. Tu devais absolument y échapper. Tu ne devais pas devenir comme lui. Seulement, même si on souhaite très fort quelque chose.....on ne peux pas luter contre le Destin."
-"Tu veux dire que....tu le savais?"
-"Oui. Je l'ai toujours su mais j'ai essayé de fuir la vérité."

Lucie se replongea dans le silence, essayant de faire le point sur ce qu'elle venait d'apprendre. Elle n'était pas seulement capable de voir Sho mais TOUS les esprits. Et le comble, c'était que sa propre mère était au courant. Elle l'avait tenu à l'écart de la vérité pour...la protéger. Mais en quoi avait-elle besoin d'être protégée? Pourquoi elle ne devait pas devenir comme...lui. De qui elle parlait?

-"Je ne devais pas devenir comme qui maman? De quoi tu devais me protéger?"
-".....Ton père. Je devais te protéger de lui. De lui et de son soit disant "don"."
-"Comment....que...quoi? Qu'est-ce que vient faire papa la dedans?"
-"Il était comme ça. Comme toi. Il se servait de son "don" pour aider les gens mais au bout du compte......ça à finit par se retourner contre lui. Ce monde, j'en ai fait partie. Je ne voulais pas qu'il devienne le tient."
-"Alors tu as décidé de me mentir."
-"Pour ton bien."
-"Et pour papa? Tout ce que tu m'as raconté sur lui, c'est des mensonges? Il n'est pas mort dans un accident de voiture, n'est-ce pas?"

Lucie vit sa mère baisser tristement la tête avant de murmurer.

-"Je t'ais toujours dit la vérité, dans la mesure du possible. Mais effectivement, il y a un certain nombre de choses que tu ignores."
-"Alors, dis-moi. Je pense que j'ai le droit de savoir à présent."
-"......D'accord. Va m'attendre dans le salon. Je débarrasse la table et je te rejoins."


Allongée sur son lit, Lucie réfléchissait. Ça faisait des heures qu'elle était là, sans bouger. Les découvertes qu'elle avait faites au cours de la soirée tournaient et retournaient dans sa tête. Elle se sentait légèrement perdue malgré le fait qu'elle connaissait enfin toute la vérité. Trop d'informations d'un seul coup, ce n'était pas ce qu'il fallait pour bien dormir. Et Lucie en était la preuve vivante. Elle se tourna sur le côté et se saisit de son portable. En faisant coulisser le clapet, la lumière l'aveugla et il lui fallut quelques instants avant de pouvoir lire les chiffres qui indiquaient l'heure. 3h46. Soupirant, elle reposa son téléphone et se rallongea sur le dos. Elle n'avait pas revu Sho depuis la veillle et commençait à s'inquiéter. Il lui avait pourtant dit qu'il revenait la voir aujourd'hui.

-"Mais qu'est-ce qu'il fout?"

Elle soupira de nouveau en se positionnant sur le côté et ferma doucement les yeux.

-"J'espère qu'il ne lui est rien arrivé."

Elle bailla et s'agita encore quelques minutes avant que le sommeil l'emporte.


Dans un scintillement lumineux, Sho apparu dans la petite chambre. Le noir régnait mais un rayon de lune filtrant à travers la fenêtre lui permettait de se repérer dans la pièce. Il se rapprocha lentement du lit et aperçu une forme roulée en boule sous les couvertures, laissant seulement dépasser une touffe de cheveux noirs. Il sourit et s'installa de façon à pouvoir l'observer dormir confortablement. Malgré toutes les questions qu'il pouvait se poser et les incertitudes qui le rongeaient, il se sentait étrangement bien. Il n'était pas seul.

-"À deux on y arrivera surement."

C'était ses paroles. Elles sonnaient comme une sorte de promesse. Une promesse à laquelle il tenait tout particulièrement. Une promesse qu'il espérait pouvoir mener jusqu'au bout, avec elle.

Les rayons du soleil se faisaient de plus en plus insistant sur le haut du visage de la jeune fille. Elle émit un petit gémissement ensommeillé et se tourna de l'autre côté en prenant bien soin de plonger son visage sous la couette. Elle allait replonger dans ses rêves quand une voix se fit entendre près de son oreille.

-"Lu-chan, c'est l'heure de se lever."
-"Mpfmgm....s'moi dormir Sho."
-"Il va bientôt être 13h tu sais?"
-"M'fiche....dodo."

Il eu un sourire en la voyant comme ça et attendi patiemment qu'elle émerge, ce qui ne tarda pas à arriver. Lucie ouvrit soudainement les yeux et se redressa sur son lit, complètement réveillée.

-"SHO!!!"
-"Oi! Cris pas, je suis pas sourd."
-"T'es là depuis quand?"
-"Mes oreilles vont bien merci."
-"Oh, gomen."

Elle rougi violemment et baissa les yeux sur ses mains. Le chanteur retint un petit rire et reprit.

-"Te mes pas dans un état pareil, je te faisais marcher."
-"C'était pas drôle."
-"Peut-être pas pour toi mais je trouve ça amusant de te voir devenir toute rouge."
-"C'est ça moque toi de moi, je dirais rien."
-"Oh mais exprime-toi, je t'en prie."
-"Pfff....alors, quand est-ce que tu es arrivé?"
-"Dans la nuit."
-"Eh?! Et t'as fait quoi pendant tout ce temps? T'as pas besoin de dormir je suppose?"
-"Tu supposes bien. Je me suis occupé comme j'ai pu mais je pouvais pas faire grand chose alors je t'ai regardé dormir."
-"Hein?!"
-"Et puis, j'ai réfléchis à différentes choses."
-"Ah! Au fait, comment ça c'est passé là-bas? Tu as trouvé des trucs interessants?"
-"C'est en partie à cause de ça que je réfléchissais. Il faut que je te parle."

Le ton qu'il avait employé indiqua qu'il s'agissait de quelque chose d'important. Sho s'était exprimé avec sérieux et l'expression de son visage ne donnait aucune envie de plaisanter. La jeune fille s'en inquiéta silencieusement mais acquiessa quand il lui dit qu'il la laissait se préparer avant d'aborder le sujet. Elle le regarda se diriger vers la sortie mais l'intercepta juste avant qu'il passe le seuil de la chambre.

-"Moi aussi....je voudrais te parler de quelque chose."


Installés dans le salon, Sho et Lucie se regardaient sans rien dire. La mère de cette dernière étant partie on ne sait où, ils en avaient profité pour accaparer le salon. C'était quand même mieux que sa chambre. Ils étaient donc assis, ne se lachant pas des yeux, attendant patiemment que l'un ou l'autre se décide à parler. Contre toute attente, se fut Lucie qui se lança la première.

-"Je....je crois que....il vaudrait mieux que je t'explique ma découverte avant ce que tu as à me dire. Si tu es d'accord."
-"Je le suis. Vas-y, je t'écoute."

La jeune fille prit une grande inspiration et commença.

-"Hier soir, j'ai demandé à ma mère si elle croyait aux esprits. C'était juste pour savoir ce qu'elle pensait sur le sujet. Seulement, elle a réagit bizarrement à cette question. Et puis, j'ai découvert qu'elle me cachait quelque chose d'important. Elle a commencé par dire que....j'étais comme lui."
-"Et qui est ce "lui"?"
-"C'est mon...père."
-"Ton père?"
-"Ma mère m'a expliqué qu'il avait le même don que moi. Et qu'il a causé sa mort. Elle m'avait toujours dit qu'il était mort dans un accident de voiture mais en fait ce n'était qu'un mensonge. Elle m'a caché la vérité pour me protéger. Enfin, c'est ce qu'elle dit."
-"Je suis désolé pour ton père."
-"C'est rien, je ne l'ai casiment jamais connus. J'ai aucun souvenir de lui."
-"D'un côté, je pense pouvoir comprendre ta mère."
-"Comment ça?"
-"Elle a perdu son mari à cause de ce don si j'ai bien compris. Alors, elle ne voulait pas qu'il t'arrive la même chose."
-"Peut-être mais....elle a tout fait pour m'éloigner de toutes les choses inexplicables comme la magie ou le surnaturel. Elle a tout fait pour que je crois dur comme fer aux sciences et que je rejette tout ça. D'une certaine manière, c'est comme si elle m'avait conditionné. Elle aurait pu me cacher la vérité mais me laisser croire à tout ça. J'aurais préféré qu'elle fasse comme ça."

Lucie baissa la tête et son regard se porta sur ses mains où tomba une larme, bientôt suivit par d'autres. Elle n'avait pas pleuré devant sa mère, elle se l'était reffusé. Elle n'avait pas plus pleuré une fois dans sa chambre. C'est maintenant que le barrage cédait. Ce n'est pas tant la vérité qui la mettait dans cet état mais plutôt son absence pendant trop longtemps. Elle se sentait trahis, déçue. Sho la regardait pleurer silencieusement. Il s'imaginait à sa place et avait mal pour elle. Il pouvait comprendre sa mère mais il comprenait surtout Lucie. Vivre dans le mensonge, quel qu'il soit, ce n'est pas une chose agréable. Et quand on le découvre enfin, ça peut être dévastateur.

-"Ce n'était même pas de sa faute."
-"Nani?"
-"Mon père...ce n'était pas de sa faute. Il voulait seulement aider un esprit mais ça c'est retourné contre lui. Il s'est fait avoir par un esprit mal intentionné. C'est pour ça que ma mère en veux à ce monde. Elle ne veux pas que je fasse la même erreur."
-"C'est à toi d'apprendre et de faire en sorte de l'éviter. Tu y arriveras, je te fais confiance pour ça."

La jeune fille resta silencieuse pendant plusieurs minutes avant de relever la tête et de poser son regard sur Sho.

-"Tu n'avais pas quelque chose à me dire?"
-"Ah! Oui, c'est vrai. Je suis allé voir les gars et..."

Il lui raconta ce qu'il avait vu et entendu puis lui fit part de son idée. Lucie resta bouche bée suite à cette anonce à laquelle elle ne s'attendait pas.

-"Tu...tu veux que...j'aille là-bas? Que je trouve les Arashi et que je leur explique tout?"
-"Oui."
-"Et tu veux que je leur dise quoi? "Bonjour, je m'appelle Lucie, j'ai 18 ans, je viens de France et je vois l'esprit de Sho-kun." Ils vont me prendre pour une folle."
-"Bien sûr, il ne faudra peut-être pas être aussi directe mais c'est une bonne idée sinon. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour pouvoir leur parler. Et puis, on poura plus facilement éclaircir cette histoire concernant l'accident et essayer de me faire retrouver mon corps."
-"Tu veux que je parte comme ça. Du jour au lendemain. J'ai pas finit les cours et puis ma mère ne sera jamais d'accord. Et puis, où est-ce que je vais habiter une fois là-bas?"
-"On ira dans mon appartement. Pour ta mère, on peut toujours essayer de lui parler. Et puis, pour les cours, tu peux voir ça comme un voyage scolaire ou des petites vacances."
-"Génial. Qu'est-ce que j'ai fait pour me retrouver dans une situation pareille?"
-"Tu as eu le plaisir de me rencontrer."

La jeune fille émit un petit rire et s'enfonça un peu plus dans le canapé en soupirant.

-"N'empèche, j'ai toujours rêvé d'aller au Japon. Juste que je ne pensais pas y aller dans de telles circonstances."
-"T'es d'accord?"
-"Hum. J'ai pas assez d'argent pour me payer le billet c'est ça le problème."
-"Ça n'en ait plus un. On payera sur internet avec le numéro de ma carte."
-"T'as pensé à tout on dirait."
-"Hai! J'ai eu le temps de bien réfléchir cette nuit."
-"J'espère que ça va marcher."
-"Ne t'inquiètes pas, ça fonctionnera."

Il lui souria d'un air convaincu et Lucie ne pu s'empécher de le croire sur parole.