« Voilà, on y est.
- ... »
D'un air hésitant, le chanteur se tourna vers la jeune femme et l'observa d'un regard fuyant. Il retira ensuite ses mains du volant puis détacha sa ceinture de sécurité.
« On y va? »
Miyuki hocha lentement la tête pour acquiescer avant d'enlever à son tour la ceinture de sécurité. Cela faisait bientôt un quart d'heure qu'elle n'avait pas dit un mot. C'était la première fois que ça lui arrivait.
Avec la même hésitation qu'a fait preuve Aiba, Miyuki ouvrit la portière de la voiture et posa un pied par terre. Une légère brise vint aussitôt caresser son visage, agitant par la même occasion ses longs cheveux noirs. Cette fraîcheur de quelques secondes à peine fit sourire la jeune femme, ce qu'Aiba admira de loin, les yeux pétillants.
De l'extérieur, l'auberge avait une structure assez imposante.
Quand le couple pénétra d'un même pas à l'intérieur, une cloche sonna, brisant ainsi le silence paisible des lieux.
« Konichiwa... murmura presque Aiba en balayant du regard le grand hall.
-Ah! Bienvenue! » Lui répondit une voix.
Une femme d'âge mûre apparut devant eux, les bras chargés de serviettes de bains soigneusement pliées.
« Bonjour, dit-elle en s'approchant d'eux avec un sourire chaleureux.
-Ano... Nous... Nous voudrions...
-Une chambre pour deux? Termina la gérante de l'auberge en continuant de sourire.
-Oui.
-Ce sera un séjour de combien de jours?
-Euh... Deux. Deux jours.
-Très bien. Veuillez me suivre s'il vous plaît. »
La gérante lui fit remplir le registre, encaissa l'argent puis entraîna le couple dans un long couloir. Elle ouvrit ensuite une porte et s'engouffra dans une pièce incroyablement spacieuse. Puis, une à une, elle ouvrit toutes les portes coulissantes que comportait la chambre, s'agenouillant et se relevant à chaque fois. Quand elle acheva sa tâche, la pièce fut plongée dans une lumière éblouissante. Plantés en plein milieu de la chambre, Aiba et Miyuki regardèrent autour d'eux d'un air ébahi.
« Voilà, dit alors la gérante. Le dîner sera prêt dans deux heures. Vous pouvez profiter des sources thermales en attendant. Je vous souhaite un agréable séjour. »
Sur ces mots, l'aubergiste referma la porte principale, laissant ainsi le couple seul.
Pour la seconde fois, Aiba jeta un bref coup d'œil à Miyuki, comme s'il avait peur de croiser son regard. La jeune femme quant à elle garda les yeux rivés au sol.
Quelques secondes de silence s'écoulèrent puis, ne supportant plus toute cette pression, Aiba lança sur un ton faussement joyeux:
« Alors il y a des sources chaudes ici? Soka soka! »
Un sourire nerveux se dessina sur ses lèvres lorsqu'il demanda:
« Tu veux qu'on y aille? »
Miyuki s'était attendu à cette question à la seconde même où la gérante avait parlé de sources thermales. Tout comme elle l'avait fait un peu plus tôt, la jeune femme hocha la tête pour acquiescer, ce qui accéléra subitement les battements de cœur du chanteur.
Sans rien ajouter d'autre, Miyuki s'avança vers le lit, posa son sac dessus puis l'ouvrit pour y prendre des vêtements de rechanges. En la voyant faire, Aiba se sentit encore plus nerveux.
« Ah... Euh... Je... Je vais me changer là-bas, dit-il en posant son regard sur à peu près toutes les portes de la chambre. Il finit par en choisir une et disparut derrière elle.
Aiba leva les yeux et se rendit compte qu'il se trouvait dans une espèce d'anti chambre comportant de nouvelles portes. Mais ce qui attira le plus l'attention du jeune homme était ce son étrange qu'il entendait à travers la cloison en papier.
« Ah! S'exclama soudain l'idole. L'eau... Les sources chaudes? Juste ici? »
Après avoir tourné un instant sur lui-même, Aiba posa sa main sur l'une des nombreuses accès et tira.
Le bleu de l'eau mêlée à la lueur orangée du couché de soleil l'éblouit tellement qu'il dut cligner plusieurs fois les yeux pour mieux voir.
« Sugoi! »
Envoûté par la vue sublime, le jeune homme s'avança de quelques pas, oubliant même qu'il était en boxer. Heureusement pour lui que l'endroit était désert. Le chanteur se dépêcha de finir de se deshabillé, attacha une serviette autour de la taille, sortit de l'anti chambre mais se précipita de nouveau à l'intérieur.
« Miyuki? Appela-t-il. L'onsen est juste à côté. Je t'attends là-bas, ne? »
Et sans attendre la réponse, Aiba repartit.
La température de l'eau était parfaite pensa Aiba lorsqu'il plongea lentement dedans. Les sources chaudes le recouvraient jusqu'au ventre. Le chanteur dut donc fléchir un peu ses jambes pour mouiller le haut de son corps. Alors qu'il s'exécutait, le bruit de la porte qui s'ouvrait le fit se retourner vivement.
Le cœur du jeune homme rata un battement lorsqu'il vit Miyuki face à lui, vêtue d'une simple serviette de bain qui la recouvrait du buste jusqu'aux genoux. La surprise devait sans doute se lire sur son visage car Miyuki esquissa un sourire discret en le voyant.
Ils se regardèrent dans les yeux durant quelques secondes jusqu'à ce que Aiba comprenne la raison de ce silence.
« Ah... euh... gomen » balbutia-t-il en se retournant pour laisser un peu d'intimité à la jeune femme.
Celle-ci ne put s'empêcher de sourire à nouveau. Après s'être assurée qu'il n'y avait personne d'autre qu'eux, Miyuki retira sa serviette et la laissa tomber à ses pieds. Elle rejoignit ensuite Aiba et posa une main sur son épaule pour le prévenir qu'il pouvait la regarder maintenant.
Le rythme cardiaque d'Aiba n'avait jamais été aussi élevé. On aurait dit que son cœur voulait à tout prix s'échapper de sa poitrine.
« Poitrine... » A cette pensée, le teint de l'idole prit une teinte rouge brique. Ne sachant pas vraiment où regarder, Aiba finit par ancrer son regard dans celui de la jeune femme, ce qui était une très mauvaise idée bien sûr. Son cœur s'était mit à cogner avec tellement de force qu'il avait du mal à respirer. Et Miyuki ne faisait rien pour arranger les choses puisqu'elle soutenait son regard sans même ciller.
Le corps d'Aiba se mit à agir malgré lui. Tous les éléments se reconstituaient dans sa tête alors qu'il se rapprochait de la jeune femme. Ils étaient seuls. Il n'y avait personne pour les déranger. Ils étaient là, dans un onsen, l'un en face de l'autre, sans le moindre vêtement pour les couvrir. L'envie fut plus forte que la raison.
Avant de laisser filer ce sentiment de courage qu'il avait gagné durant ces dernières minutes, Aiba se pencha et effleura les lèvres de la jeune femme qui tressaillit à ce contact. Miyuki rouvrit les yeux et observa le chanteur en silence. Ce fut alors au tour d'Aiba de maintenir son regard. Puis, sans rien dire, il se pencha une nouvelle fois et embrassa Miyuki plus ardemment que jamais.
En un mouvement, le chanteur se rapprocha une ultime fois de Miyuki et prit son visage dans ses mains. Mains qui finirent par descendre jusqu'au dos de la jeune femme. Aiba exerça soudain une légère pression et le peu d'espace qui les séparait fut totalement réduit. La poitrine de Miyuki était à présent contre le torse chaud de l'idole dont le souffle était complètement saccadé. Son bas ventre le brûlait presque d'envie lorsqu'il murmura, entre deux baisers:
« Miyuki... »
La jeune femme fut incapable de lui répondre.
Perdant définitivement toute sa raison, Aiba plongea dans le cou de sa petite amie et le couvrit d'une multitude de baisers qui permirent à sa langue gourmande de goûter à la peau sucrée de Miyuki.
« J'ai envie de toi...ne put-il s'empêcher de dire dans un souffle à peine audible. J'en ai vraiment envie. Ne me fais pas attendre. »
Soudain, la jeune femme s'éloigna d'Aiba et plongea son regard dans le sien. Sans le quitter des yeux, elle recula jusqu'au bord et sortit de l'eau, dévoilant son corps nu à un Aiba stupéfait.
Miyuki s'avança de quelques pas pour attraper la serviette qu'elle avait laissé tomber à terre quelques minutes plus tôt. Elle se couvrit puis partit sans un mot en direction de la porte qu'elle ouvrit. Et là, juste avant de la refermer, Miyuki se retourna.
« Je ne te ferai pas attendre. » Dit-elle avec un sourire, avant de disparaître dans la chambre.
Figé dans l'eau, le chanteur garda un instant les yeux rivés sur la porte, le cœur battant à tout rompre. Une minute plus tard, il prit une grande inspiration et sortit enfin de l'eau, sentant l'impatience s'emparer de lui.
Fin